Une image de l’armée égyptienne montre un navire militaire égyptien participant aux recherches pour localiser les débris de l’avion A320 d’EgyptAir qui s’est abîmé jeudi en Méditerranée. | REUTERS TV / REUTERS

Le lendemain de la disparition d’un Airbus A320 d’EgyptAir assurant la liaison Paris-Le Caire, les recherches continuaient vendredi 20 mai au matin, au sud de la Crète, où le signal de l’appareil a été perdu à 2 h 39 du matin.

Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi a ordonné au ministère de l’aviation civile, au centre de recherche et de secours de l’armée, à la marine et à l’armée de l’air d’intensifier les opérations de recherches pour localiser les débris de l’appareil.

Les Etats-Unis et la France se sont associés aux recherches, Paris dépêchant sur la zone un Falcon 50 de reconnaissance jusqu’alors assigné à la mission européenne de lutte contre le trafic illicite de migrants en Méditerranée. La marine française devait également envoyer un avion plus grand, un Atlantique 2, et un navire de patrouille. La Grèce, Chypre, le Royaume-Uni, l’Italie aussi participent aux recherches, indique l’armée égyptienne.

Car l’épave n’a toujours pas été localisée, malgré une annonce un peu hâtive du ministère égyptien de l’aviation civile qui avait fait savoir tout d’abord que les autorités grecques avaient retrouvé en mer des « objets flottants » et des gilets de sauvetage, à 370 kilomètres au sud de la Crète. Dans la soirée, le vice-président d’EgyptAir, Ahmed Adel, déclarait à la chaîne CNN : « L’épave n’est pas celle de notre appareil. » Selon le président du comité de sécurité aérienne grec, Athanassios Binos, ces débris retrouvés dans la zone proche du point de chute présumé du vol d’Egyptair « ne proviennent pas d’un avion ».

Aucune hypothèse écartée

Le vol MS804, à bord duquel se trouvaient 66 personnes – 56 passagers, 7 membres d’équipage et 3 agents de sécurité –, a soudainement disparu des écrans radar sans qu’aucun problème ait été signalé par le pilote et alors que les conditions de vol étaient excellentes à l’approche des côtes égyptiennes.

A Athènes, le ministre grec de la défense, Panos Kammenos, a expliqué que l’Airbus d’EgyptAir avait viré de 90° vers la gauche, puis effectué une rotation complète et plongé, passant alors de 37 000 pieds d’altitude à 15 000 (de 11 470 à 4 650 mètres), avant de disparaître des écrans radar grecs. Rien ne permet pour le moment d’expliquer ces changements de cap.

« Toutes les hypothèses sont examinées mais aucune n’est privilégiée », a déclaré vendredi le ministre des affaires étrangères français Jean-Marc Ayrault à France 2 évoquant l’accident. Parmi les passagers – dont deux bébés et un enfant – figuraient 30 Egyptiens, 15 Français, et des ressortissants de 10 autres pays, a précisé EgyptAir.

Les responsables américains ne s’avancent pas plus et affirment que l’examen des images satellites n’a pas fourni pour le moment d’élément permettant de parler d’une explosion de l’avion.

Du côté égyptien, le premier ministre, Chérif Ismaïl, a déclaré jeudi qu’il était trop tôt pour avancer la moindre explication, mais son ministre de l’aviation civile, Chérif Fathi, tout en restant extrêmement prudent, a concédé pour sa part que l’hypothèse d’un acte terroriste était plus probable que celle d’une défaillance technique.

Cette catastrophe aérienne intervient un peu plus de six mois après l’explosion, le 31 octobre, d’une bombe à bord d’un avion russe qui venait de décoller de la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh. Cet attentat avait fait 224 morts et avait été revendiqué par la branche égyptienne de l’organisation djihadiste Etat islamique (EI), qui a fait aussi de la France l’une de ses cibles prioritaires.

Enquête menée par Le Caire

A Paris, le parquet a ouvert une enquête sur la disparition du vol MS804 et la France a annoncé que 3 membres du Bureau d’enquêtes et d’analyses et un conseiller technique d’Airbus étaient partis au Caire pour participer aux investigations.

Conformément aux règles édictées par l’ONU, Le Caire aura la responsabilité de l’enquête avec l’assistance de plusieurs pays concernés, dont la France, où l’avion a été assemblé, et les Etats-Unis, où est basé le fabricant des réacteurs Pratt & Whitney qui équipaient l’avion.

Airbus indique que l’appareil, un A320 équipé de réacteurs Pratt & Whitney, a été livré à EgyptAir en novembre 2003 et qu’il comptait quelque 48 000 heures de vol. Le pilote avait environ 6 275 heures d’expérience, dont plus de 2 000 sur A320, et le copilote 2 766 heures, a précisé de son côté EgyptAir.