Défilé parisien contre le projet de loi de réforme du code du travail, le 19 mai 2016. | KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Blocages, grèves, manifestations : les opposants au projet de loi de réforme du code du travail ont continué à se mobiliser, jeudi 19 mai. Sept syndicats – la CGT, FO, Solidaires, la FSU, l’UNEF, la FIDL et l’UNL – avaient appelé à descendre dans la rue pour la septième fois en un peu plus de deux mois, et pour la deuxième fois en trois jours. Selon la CGT, près de 400 000 personnes ont défilé en France.

« La balle est toujours dans le camp du gouvernement, il faut retirer ce mauvais projet de loi. Nous sommes déterminés », a répété le numéro un de l’organisation, Philippe Martinez. L’intersyndicale doit se réunir dans la soirée, jeudi, pour fixer une nouvelle date de mobilisation : la date du 26 mai a été évoquée. FO a appelé à renforcer le mouvement « en juin » avec une « grève interprofessionnelle » et une « manifestation nationale » à Paris pour « booster la mobilisation » lors de l’arrivée du texte au Sénat, a expliqué son secrétaire général, Jean-Claude Mailly.

Après l’incendie d’une voiture de police mercredi à Paris, le premier ministre, Manuel Valls, a, lui, appelé les syndicats à s’« interroger sur la pertinence » de certaines manifestations. Il s’est aussi dit prêt à faire lever, par les forces de l’ordre, les blocages des ports, des raffineries et des aéroports.

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  • Défilé parisien

Partie de la place de la Nation en début d’après-midi, la manifestation parisienne contre le projet de loi travail a rassemblé selon la police 13 000 à 14 000 personnes, et 100 000 selon les syndicats.

Aucun affrontement sérieux n’a été signalé lors du défilé, placé sous haute surveillance policière et encadré par des services d’ordre syndicaux importants. Des échauffourées ont toutefois eu lieu à l’arrivée du cortège, place d’Italie.

Neuf personnes ont été interpellées pour port d’arme prohibé et des jets de projectiles épars ont été constatés, selon la préfecture de police.

Loi travail : portraits de manifestants

  • Manifestations en province

A Nantes, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, avait interdit une manifestation non déclarée à la préfecture. Plusieurs centaines de personnes se sont toutefois rassemblées, en scandant « Etat d’urgence, Etat policier, on ne nous enlèvera pas le droit de manifester ». Les manifestants ont été repoussés par des jets de grenades lacrymogènes alors qu’ils tentaient de remonter vers le centre-ville.

Ailleurs, les autorités ont recensé 6 000 manifestants à Saint-Nazaire, 4 500 au Havre, 2 900 à Rouen, 3 300 à Bordeaux, 1 800 à Montpellier, 1 600 à Clermont-Ferrand et 3 000 à Lyon, où deux personnes ont été interpellées.

  • Blocages et grèves

Entamées en début de semaine, des grèves de routiers et de cheminots se poursuivaient jeudi. Dans la région de Marseille, les routiers ont mené une opération de blocage près de la zone industrielle de Fos-sur-Mer. Dans le Sud-Ouest, l’accès à l’aéroport de Toulouse-Blagnac a été fermé.

Dans l’ouest, des barrages filtrants ont été mis en place à Rennes et Nantes. Près du Havre, deux raffineries ont été bloquées. A La Rochelle, les accès aux terminaux pétroliers du grand port étaient bloqués.

Dans le quart nord-ouest de la France, environ 70 stations-service de Total étaient en rupture de carburants. « Les régions concernées sont la Normandie, la Bretagne et les Pays de la Loire où on rencontre quelques difficultés d’approvisionnement, avec en moyenne un peu moins d’une station sur cinq en rupture », a précisé un porte-parole du groupe.

Côté trains, la circulation était perturbée pour la deuxième journée consécutive, notamment sur certaines lignes régionales. Deux TGV sur trois étaient prévus. Une grève de contrôleurs aériens devait légèrement dérégler le trafic, notamment à Orly, où 15 % d’annulations étaient annoncées.