Zinedine Zidane avec le trophée de la Ligue des champions. | FILIPPO MONTEFORTE / AFP

Dès l’entame de sa deuxième vie, le sphinx Zidane a-t-il déjà atteint son apogée ? Les spectateurs massés dans les travées vieillissantes du stade San Siro de Milan, samedi 28 mai, ont pu être pris de vertige en voyant l’ex-numéro 10 des Bleus soulever le trophée de la Ligue des champions. Au faîte de sa gloire, porté en triomphe par ses joueurs, l’entraîneur du Real Madrid a fait une entrée fracassante dans le panthéon des grands manageurs européens en apportant à son club sa « undecima », la onzième coupe aux grandes oreilles de son histoire.

Réalisé au terme d’une victoire crispante (1-1) aux tirs au but contre le frère ennemi de l’Atlético Madrid, cet exploit est d’autant plus historique que « Zizou » avait été nommé aux commandes des Galactiques le 4 janvier, soit il y a un peu plus de cinq mois. Fils spirituel du président du Real, le magnat du BTP Florentino Pérez, le champion du monde 1998 égale, à 44 ans, la performance de l’Espagnol Pep Guardiola, vainqueur de la Ligue des champions en 2009 dès sa première saison à la tête du FC Barcelone.

« Tout simplement exceptionnel »

A l’instar de l’ex-milieu des Blaugrana, le Marseillais entre dans le cénacle très fermé des entraîneurs (Johan Cruyff, Giovanni Trapattoni, Frank Rijkaard, Miguel Munoz, Carlo Ancelotti) qui ont réussi à remporter le trophée après l’avoir gagné comme joueur. Zinédine Zidane est le premier français à réaliser cette performance. Avant lui, seul son compatriote Helenio Herrera avait réussi à glaner la Coupe d’Europe des clubs champions sur le banc de l’Inter Milan en 1964 et 1965.

« ZZ » l’apprenti met surtout un terme aux échecs chroniques des coachs français qui- à l’image d’Albert Batteux (avec Reims en 1956, 59), Lucien Muller (Real Madrid, 1964), Alexander Schwartz (Benfica, 1965) Robert Herbin (Saint-Etienne, 1976), Didier Deschamps (Monaco, 2004) et Arsène Wenger (Arsenal, 2006)- ont été successivement battus en finale du tournoi.

« Ce que fait Zizou est tout simplement exceptionnel », jugeait, avant le derby Madrilène, l’ex-international tricolore Claude Makelele, qui a joué durant deux saisons avec lui au Real (2001-2003) avant de passer ensemble leur formation pour obtenir le diplôme d’entraîneur avec la Fédération française de football (FFF). Ce triomphe aux allures d’apothéose met en relief l’ascension de l’ex-meneur de jeu des Bleus au Real, club qu’il a rejoint contre 75 millions d’euros en 2001 et avec lequel il brilla sur les pelouses durant cinq ans, marquant le but victorieux en finale de la Ligue des champions en 2002.

A San Siro, de nombreux supporteurs des Merengue portaient le maillot floqué du patronyme du glorieux quadragénaire, dont la reconversion fait figure d’exemple. « On peut faire aujourd’hui référence à Zinédine que ce soit en termes de préparation mentale, de connaissance du jeu, de rapport aux joueurs », assure Guy Lacombe, membre de la Direction technique nationale et qui l’a encadré lors de sa formation.

Zinedine Zidane porté en triomphe par ses joueurs. | TONY GENTILE / REUTERS

Un jour sélectionneur des Bleus ?

Tour à tour conseiller de Florentino Pérez, directeur sportif, vainqueur de l’édition 2014 de la Ligue des champions comme adjoint de Carlo Ancelotti ,puis entraîneur de l’équipe réserve (2014-2016) : Zidane est aussi devenu un emblème, incarnant mieux que quiconque l’institution et la marque Real Madrid, club le plus riche du monde (577 millions de revenus au terme de la saison. « Je suis très fier de faire partie de cette grande maison », a souri « ZZ » après la rencontre alors que M. Pérez le compare déjà au défunt Alfredo Di Stefano, icône des Galactiques et vainqueur, comme joueur, de cinq Coupe d’Europe des clubs champions (1956-1960).

Arrivés deuxièmes de Liga, à un point du leader barcelonais, Zidane et son discret adjoint David Bettoni apparaissent désormais en position de force dans un club réputé pour ne guère laisser du temps à ses entraîneurs. Sous contrat jusqu’en 2018, rémunérée à hauteur de 2,5 millions d’euros annuels, la star aura désormais comme objectif de ravir aux Blaugrana leur titre de champions d’Espagne.

D’un calme olympien durant la finale contre l’Atlético, « touché par la baguette magique » selon le quotidien sportif espagnol Marca, «ZZ » relance aussi les débats autour de son ambition affichée de devenir « un jour » sélectionneur de l’équipe de France. A l’été 2012, sa candidature, jugée prématurée, avait été rejetée par Noël Le Graët, le président de la FFF. Ce dernier avait préféré introniser Didier Deschamps, perçu comme plus expérimenté. En 2018, au terme du contrat de «DD» , nul doute que tous les regards se tourneront vers l’icône.

Ligue des champions : Le mystère Zidane