Quarante-huit enquêtes judiciaires ont été ouvertes par la « police des polices » après des accusations de violences policières en France depuis le début des manifestations contre la loi travail début mars, a annoncé lundi 6 juin sa directrice, Marie-France Monéger Guyomarc’h.

« Il y a eu 48 enquêtes judiciaires ouvertes, principalement à Paris et Rennes, concernant exclusivement des violences », a affirmé la directrice de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) en présentant le traditionnel bilan 2015 de la police des polices. « Il faut les mettre en parallèle avec les quelque 1 500 manifestations » souvent « violentes », a-t-elle précisé.

« Sur ces plaintes, auxquelles s’ajoutent 22 signalements, beaucoup disent être des passants et se retrouvent en fait souvent (pris) dans les charges de la police », a-t-elle ajouté. « Tout le monde filme tout le monde, et cela circule sur les réseaux sociaux », c’est « la grande nouveauté ».

Un nombre d’enquêtes « en légère hausse »

A propos du jeune homme blessé grièvement à la tête après l’usage, par un policier, d’une grenade dissuasive dite de désencerclement (GMD) le 26 mai à Paris, la directrice de la police des polices a précisé que ses enquêteurs ont visionné toutes les images, écouté les trafics radio et effectué des enquêtes de voisinage. Dans cette affaire, comme dans d’autres, « les (policiers) mis en cause » sont entendus « à la fin » des investigations, a-t-elle encore fait valoir. Le blessé, Romain, âgé de 28 ans, est « sorti du coma », a-t-elle précisé.

Concernant le bilan de son service, Mme Monéger Guyomarc’h a relevé que le nombre d’enquêtes administratives dont il est saisi est en « légère hausse » par rapport aux autres années. Un total de 213 policiers ont fait l’objet de blâmes ou d’avertissements, contre 125 en 2014, mais les procédures avaient pris du retard en raison des élections professionnelles dans la police.

Elle a aussi évoqué la plate-forme Internet de signalement ouverte en 2013 et permettant de signaler des dérapages. Plus d’un millier concernent des interventions de police contestées sur, selon elle, 1,6 million d’interventions par an.

L’IGPN va progressivement mettre en place un outil mesurant, analysant et comptabilisant le nombre de policiers blessés en service, a-t-elle annoncé, un sujet très sensible dans la police. Elle a par ailleurs noté que les policiers ont de plus en plus recours à l’usage du pistolet à impulsions électriques (PIE) dans leurs interventions mais pas en mode de tir, « en pointage » en utilisant le laser pour menacer un éventuel récalcitrant. « Cela a un effet dissuasif », a-t-elle souligné.