La situation semble s’améliorer dans les stations-service. Total a précisé que sur ses 2 200 stations, un peu moins d’un tiers (659) étaient en difficulté, contre 815 jeudi. | BENOIT TESSIER / REUTERS

Le premier ministre, Manuel Valls, doit recevoir, samedi 28 mai à 11 heures, les acteurs du secteur pétrolier à l’Hôtel de Matignon, pour « faire le point sur la situation de l’approvisionnement en carburants, les actions entreprises et celles planifiées ».

Dans la journée de vendredi, les blocages des raffineries françaises par les opposants au projet de loi travail de la ministre Myriam El Khomri se poursuivaient. Six des huit raffineries sont à l’arrêt ou perturbées.

Demande de carburant toujours soutenue

Seul un dépôt pétrolier est toujours bloqué : celui de Gargenville, dans les Yvelines, dont les salariés sont en grève jusqu’au 3 juin. Il s’agit du plus gros dépôt pétrolier d’Ile-de-France. Les 15 dépôts fermés sur la centaine que compte le pays ont été débloqués sans incident par les forces de l’ordre, dont celui de Donges (Loire-Atlantique) vendredi matin.

Dans ce dernier, les salariés ont toutefois voté la grève illimitée, vendredi après-midi. Le secrétaire général de la CGT de la raffinerie, Fabien Privé Saint-Lanne, affirme que 75 % des salariés de la production se déclaraient grévistes. La direction de la plateforme a, elle, évoqué un « mouvement minoritaire » concernant « 27 % de l’effectif global ».

La situation semble néanmoins s’améliorer dans les stations-service. Total a précisé que sur ses 2 200 stations un peu moins d’un tiers (659) étaient en difficulté, contre 815 jeudi. Le groupe a triplé sa flotte de camions habituelle pour réapprovisionner son réseau.

L’approvisionnement des stations-service « s’améliore partout, dans toutes les régions. Cela s’améliore fort dans le Nord et il y a une bonne amélioration dans l’Ouest. Il y a aussi une tendance à l’amélioration dans toutes les autres régions, y compris l’Ile-de-France », a renchéri un porte-parole du ministère des transports qui comptait en début d’après-midi 20 % des 11 500 stations-service en rupture partielle ou totale d’approvisionnement.

La demande de carburant reste soutenue, comme à Boulogne-Billancourt, où la station Total est « dans une moyenne entre 900 et 1 300 clients par jour », un nombre « facilement doublé » par rapport à la normale, selon la gérante Barbara Laroche, interrogée par l’AFP.

Les compagnies aériennes conseillées de faire le plein à l’étranger

En revanche, à la suite de la reconduction de la grève des salariés de la Compagnie industrielle et maritime (CIM) du Havre, l’alimentation en carburant des aéroports parisiens est coupée. La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a donc recommandé aux compagnies aériennes opérant en France de s’approvisionner en carburant à l’étranger en quantité suffisante pour assurer deux vols consécutifs, selon un porte-parole d’Air France.

« Depuis ce début d’après-midi [vendredi], nous appliquons les recommandations de la DGAC. Si vous partez d’Europe vers Paris, par exemple Roissy-Charles-de-Gaulle, vous prenez le carburant pour faire votre étape et l’étape suivante », a expliqué ce porte-parole. Si vous partez de Paris vers des escales où la situation est un peu plus sensible, comme Lyon et Nantes par exemple, vous prenez de quoi faire votre vol et l’étape suivante. Mais il n’y a pas de pénurie à ce stade, nous avons les réserves suffisantes pour opérer plusieurs jours, ce sont des mesures de précaution. »

A Marseille, les salariés de Fluxel, opérateur privé qui gère les terminaux pétroliers du Grand Port maritime de Marseille (GPMM) à Fos-sur-Mer et Lavera (Bouches-du-Rhône), ont également reconduit la grève, commencée lundi, jusqu’au mardi 31 mai, selon la CGT. Ce mouvement a affecté une trentaine de navires transportant des vracs liquides (hydrocarbures et gaz). Toutes les autres activités portuaires – conteneurs, passagers, vracs solides (céréales, charbon…), réparation navale – fonctionnaient normalement.

La rencontre avec les acteurs du secteur pétrolier et le premier ministre doit faire le point sur les mesures prises par l’exécutif pour faire face aux blocages. Ainsi, les agriculteurs ont obtenu une dérogation pour utiliser du fioul domestique dans leurs tracteurs. Par ailleurs, sur une injonction de Manuel Valls, un service minimum pourrait être exigé au Havre et un approvisionnement limité pourrait avoir lieu.

Alors que les tensions se concentrent en particulier sur l’article 2 du projet de loi, qui consacre la primauté aux accords d’entreprise dans l’aménagement du temps de travail, le premier ministre a assuré jeudi qu’il « ne toucherait pas » à point, véritable ligne rouge pour les syndicats contestataires qui redoutent le dumping social.

La prochaine journée de manifestation contre le projet de loi doit avoir lieu le 14 juin à Paris.