Le gouvernement n’en a pas terminé avec la contestation de la loi travail : après les carburants, le secteur des transports s’apprête à vivre une semaine agitée, à partir du lundi 30 mai, avec des appels à la grève, reconductibles, lancés pour des motifs mêlant revendications internes et opposition à la loi travail, alors que l’Euro de football approche.

  • Carburants : la situation s’améliore

Un syndicaliste de la CGT lors du blocage de la raffinerie de Donges, le 27 mai. | JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP

La situation s’est améliorée sur le front des carburants, avec le déblocage de la quasi-totalité des dépôts pétroliers, mais des perturbations perdurent. « Il y aura de l’essence » lundi dans les stations, a assuré dimanche 29 mai le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll.

Sur les huit raffineries françaises, quatre sont toujours à l’arrêt et deux en débit réduit. La grève a été reconduite aux terminaux pétroliers de Marseille et du Havre, qui alimentent Orly et Roissy en kérosène. Le gouvernement a néanmoins imposé un service minimum.

  • Grève à la SNCF dès mardi

Les opposants au texte ne comptent pas baisser les bras, l’intersyndicale opposée à la loi El Khomri (CGT, FO, Solidaires, FSU, UNEF, FIDL, UNL) ayant appelé « à amplifier les mobilisations », avant la journée nationale d’action le 14 juin. D’ici là, la mobilisation va se concentrer dans les transports.

A la SNCF, où de délicates négociations sur le temps de travail des cheminots entrent dans leur phase finale, les quatre syndicats représentatifs (CGT, UNSA, SUD-Rail, CFDT) ont déposé des préavis de grève reconductibles à partir de mardi soir. Aux motifs internes, la CGT-cheminots, premier syndicat, et SUD-Rail ont ajouté l’opposition à la loi travail.

Les syndicats espèrent peser sur les négociations qui doivent se poursuivre jusqu’au 6 juin, à quelques jours du coup d’envoi, le 10, de l’Euro de football, dont la SNCF est le transporteur officiel. « On ne va pas empêcher les gens d’aller voir les matchs de foot mais il faut que le gouvernement aussi veuille discuter. Tout est entre [leurs] mains », a lancé M. Martinez.

  • RATP : des perturbations attendues à partir de jeudi

Pour les Franciliens, des difficultés sont aussi à prévoir à partir de jeudi à la RATP, avec un appel à la grève « illimitée » de la CGT. Le premier syndicat de la régie demande la réouverture des négociations salariales annuelles et le retrait du projet de loi travail. SUD-RATP, troisième force syndicale, a déjà appelé à une grève illimitée à compter du lancement de l’Euro « contre la loi travail » et « la remise en cause du statut RATP ».

  • Les trafics aérien et portuaire touchés

Le trafic aérien pourrait aussi connaître des perturbations, en raison d’une grève à l’Aviation civile (DGAC) prévue du 3 au 5 juin, pour des revendications internes. Enfin, dans les ports et docks, la CGT appelle à un arrêt de travail de 24 heures jeudi contre la loi El Khomri.

  • M. Valls refuse de « renoncer face à un mouvement social »

Manuel Valls à l’Assemblée nationale le 25 mai. | PATRICK KOVARIK / AFP

Du côté du gouvernement, le premier ministre Manuel Valls a promis dimanche d’aller « jusqu’au bout » sur ce texte et paraît miser sur l’essoufflement de la crise sociale la plus dure du quinquennat, qui menace la reprise économique française. « Nous sommes dans un moment crucial », a-t-il assuré au Journal du dimanche.

« C’est l’idée même de réforme qui se joue. Il s’agit d’une clarification dans le syndicalisme, d’une clarification à gauche, d’une clarification dans la société française », ajoute celui qui dit ne pas vouloir rejoindre « la longue liste des (…) politiques qui ont renoncé face à un mouvement social ». « Si nous cédions à la rue et à la CGT parce que nous serions obsédés à court terme par [les élections de] 2017, il ne resterait plus rien », fait-il valoir.

Pour la première fois depuis deux mois, le premier ministre a néanmoins appelé samedi le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, qui y a vu un « bon signe ». Dimanche soir, il a exigé le retrait de l’article 2, « colonne vertébrale » du texte qui consacre la primauté de l’accord d’entreprise sur la branche. « Si le gouvernement dit on suspend la procédure parlementaire, on discute, on améliore, il n’y a pas de problème. C’est ce qu’on dit depuis le début », a-t-il affirmé, se défendant d’infléchir sa position.

Mais le numéro un de la CFDT, Laurent Berger – également contacté par le premier ministre samedi – a demandé, lui, le « maintien de l’article 2 », en « l’expliquant davantage ». La prochaine étape parlementaire se déroulera au Sénat à partir du 13 juin.

La « loi travail » expliquée en patates
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