Lors de la manifestation contre le projet de loi travail du 26 mai à Marseille. | BERTRAND LANGLOIS / AFP

Le premier ministre, Manuel Valls, a promis de poursuivre les déblocages de dépôts de carburant avant de recevoir, samedi 28 mai, à Matignon les industriels du secteur et les transporteurs pour faire le point sur l’approvisionnement en carburant, perturbé par la contestation du projet de loi de réforme du code du travail.

  • Les blocages continuent, mais l’approvisionnement s’améliore

Six des huit raffineries du pays étaient toujours à l’arrêt ou au ralenti vendredi. Mais tous les dépôts pétroliers bloqués en France continentale par des opposants au projet de loi travail ont été débloqués, à l’exception de celui de Gargenville, dans les Yvelines.

Plusieurs préfectures ont par ailleurs fait état d’une nette amélioration des stocks, à l’instar de celle des Côtes-d’Armor, où les restrictions ont été levées, ou celle de l’Eure, qui estime que seulement 15 % des stations-service rencontraient des difficultés.

Chez Total, l’un des plus gros réseaux de distribution, un peu moins d’un tiers (659) de ses 2 200 stations étaient en difficulté vendredi. Le groupe a triplé sa flotte de camions habituelle pour réapprovisionner son réseau.

  • Les compagnies aériennes font le plein à l’étranger

La grève a été reconduite jusqu’à lundi aux terminaux pétroliers du Havre, qui alimentent notamment les aéroports d’Orly et de Roissy en kérosène.

La Direction générale de l’aviation civile a envoyé une note aux compagnies aériennes opérant en France pour les inviter à faire le plein de carburant à l’étranger afin de pouvoir assurer deux vols consécutifs, a indiqué à l’AFP vendredi un porte-parole d’Air France. Une source aéroportuaire a précisé à l’AFP qu’il n’y avait pas « d’inquiétude particulière à avoir pour les aéroports parisiens, qui disposent de plus d’une semaine de stocks ».

  • Valls reçoit l’industrie pétrolière à Matignon

Le premier ministre doit recevoir, samedi en fin de matinée à Matignon, les dirigeants du secteur pétrolier : raffineurs, distributeurs, stockeurs et représentants du secteur des transports. La réunion se tiendra en présence du ministre de l’économie, Emmanuel Macron, du secrétaire d’Etat chargé des transports, Alain Vidalies, et du ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve.

Elle doit permettre de « faire le point sur la situation de l’approvisionnement en carburants, les actions entreprises et celles planifiées », ont précisé les services du premier ministre dans un communiqué.

  • Valls et Hollande intransigeants

Interrogé par Le Parisien, le premier ministre a à nouveau assuré qu’il « irait jusqu’au bout » :

« Je n’ai pas un problème avec la CGT, ni avec Philippe Martinez. Mais la CGT demande le retrait du texte, elle a fait le choix d’une stratégie très dure et de l’impasse. Bien qu’elle signe beaucoup d’accords dans les entreprises… Ce que je n’accepte pas, ce sont les blocages des ports, des raffineries, des dépôts qui portent atteinte à la libre circulation, gênent les salariés ou ceux qui sont à la recherche d’un emploi, en général les plus modestes qui pâtissent de cette situation. Il n’y aura pas de retrait du texte, pas de retrait de l’article 2 qui vise à décentraliser le dialogue social parce que c’est le cœur de ce texte de loi. »

Même son de cloche du côté de François Hollande, qui est intervenu pour la seconde fois en deux jours, vendredi 27 mai, depuis le Japon, où il participait au G7, pour afficher sa fermeté : « Je tiendrai bon parce que je pense que c’est une bonne réforme, et nous devons aller jusqu’à son adoption », a-t-il dit.

  • Calendrier défavorable

Pourtant, l’exécutif est coincé par un calendrier qui joue contre lui : l’examen du projet de loi sur la réforme du code du travail en deuxième lecture à l’Assemblée nationale ne doit pas intervenir avant le début du mois de juillet, soit une éternité dans le contexte actuel. Auparavant, le texte sera passé par le Sénat à partir du 13 juin. Mais, parallèlement, doit débuter, le 10 juin, l’Euro de football 2016, un rendez-vous important pour le pouvoir, dont l’une des obsessions est que cette compétition ne soit pas entachée par des blocages.

  • L’appel des 56 députés

Dans la majorité parlementaire, les opposants au texte ne désarment pas. Une cinquantaine d’entre eux ont demandé, vendredi, dans une lettre adressée à François Hollande de reprendre le dialogue avec l’ensemble des syndicats sur le projet de loi afin de trouver une sortie de crise :

« Il est encore temps d’abandonner ces réformes qui inquiètent légitimement et divisent inutilement la gauche, qui flexibilisent et insécurisent l’ensemble de nos concitoyens, pour enfin affirmer des choix, en matière d’emploi et de code du travail en faveur desquels il existe, en France et au Parlement, une majorité à gauche. »

Et les députés d’appeler, notamment, l’exécutif à revenir sur l’article 2 de la loi, qui consacre une inversion dans la hiérarchie des normes, sujet qui a alimenté une cacophonie au sein même du gouvernement toute la semaine écoulée.