Louise et Paul Coulter sont une rareté en Angleterre : des pro-Européens convaincus. « C’est de la folie de vouloir faire de notre pays une petite île repliée sur elle-même », estime Louise.

Propriétaires d’une plantation de fleurs, Aldby Field Nurseries, située dans le Yorkshire, dans le nord de l’Angleterre, Louise et son mari bénéficient directement de la libre-circulation des travailleurs au sein de l’Union européenne. Au pic de la saison, ils ont jusqu’à 45 salariés, la majorité venant de Roumanie. Seuls six sont britanniques. « On ne pourrait pas fonctionner sans les travailleurs européens », témoigne Louise, 51 ans.

Mieux encore : depuis une quinzaine d’années, ils ont pu agrandir leur plantation grâce à cette main-d’œuvre sérieuse et ardue à la tâche, qui vit dans des caravanes sur place pendant la haute saison. « Avant, quand on dépendait des Britanniques, on peinait à avoir des employés fiables, témoigne Louise. Souvent, ils ne venaient pas, en nous l’annonçant au dernier moment. On en a eu un qui avait des problèmes de drogue, un autre qui souffrait de dépression. Quand vous avez une entreprise très saisonnière, comme la nôtre, cela rend les choses compliquées. »

Un pays tourné vers le monde

A partir du début des années 2000, Louise et Paul ont commencé à embaucher des Polonais, puis d’autres Européens de l’Est. Aujourd’hui, le patron de l’encadrement est un Roumain, désormais installé dans la région depuis sept ans.

Mais, au-delà des intérêts financiers, le couple britannique estime que le Royaume-Uni se doit d’être un pays ouvert et tourné vers le monde. Il s’inquiète de voir la rhétorique anti-immigration prendre de plus en plus d’ampleur et s’offusque quand il entend ses travailleurs roumains souffrir parfois de remarques désagréables au pub local.

Pourtant, Louise et Paul Coulter constatent qu’une large partie des agriculteurs autour d’eux sont favorables au « Brexit ». « Ils sont fous, estime Paul Coulter. Mais ils ne supportent pas de se faire dicter leur conduite par Bruxelles. La possible interdiction du glyphosate [herbicide dont l’autorisation fait débat à Bruxelles] pourrait par exemple avoir un sérieux impact sur eux. La bureaucratie de la politique agricole commune est aussi très lourde. »