Mina Thabet a été arrêté à son domicile au Caire et placé en détention pour quatre jours. | madamasr.com

Les autorités égyptiennes ont arrêté, jeudi 19 mai, un militant notoire des droits de la minorité copte. Mina Thabet, responsable du département groupes religieux et minorités à la Commission égyptienne pour les droits et les libertés (ECRF), a été intercepté à son domicile au Caire et emmené pour interrogatoire par la sûreté nationale, a indiqué son avocate Doaa Mostafa. Il est notamment accusé d’incitation à des activités terroristes sur Internet et d’incitation à manifester. Il s’est vu notifier son placement en détention pour quatre jours.

Le dernier rapport, publié en mars par M. Thabet, recommande l’annulation de lois du mariage restrictives au sein de l’église orthodoxe égyptienne. Le militant égyptien a également affiché publiquement son soutien aux manifestations organisées le 25 avril contre la rétrocession par le président Abdel Fattah Al-Sissi de deux îles de la mer Rouge à l’Arabie saoudite. En dépit d’un important déploiement sécuritaire, des centaines d’Egyptiens avaient participé à ces manifestations non autorisées contre le pouvoir au Caire et dans plusieurs villes d’Egypte.

Dans le collimateur des autorités

Amnesty International a condamné l’arrestation de Mina Thabet, qui s’inscrit dans une campagne d’intimidation et d’arrestation contre les militants de la société civile. « Ce sont des militants pacifiques qui doivent pouvoir faire leur travail sans craindre d’être harcelés ou même emprisonnés », a plaidé l’organisation, basée à Londres.

Depuis l’arrivée au pouvoir de l’armée, en juillet 2013, et l’élection du président Abdel Fattah Al-Sissi, en mai 2014, les violations des droits de l’homme ont pris une ampleur inégalée, sous couvert de la lutte antiterroriste. Après les Frères musulmans et les révolutionnaires, les organisations indépendantes qui documentent ces violations sont dans le collimateur des autorités.

L’ECFR est tout particulièrement inquiétée. Les avocats de l’association conseillent la famille de Giulio Regeni, l’étudiant italien kidnappé le 25 janvier et retrouvé mort avec des marques de torture sur le corps, neuf jours plus tard.

Les organisations de défense des droits de l’homme, les médias italiens et les chancelleries occidentales y voient la main des services de sécurité égyptiens, accusés d’être responsables de centaines de cas de disparitions forcées.

En pointe sur le dossier, l’ECFR a comptabilisé 544 cas, dont des mineurs, entre le 1er août 2015 et le 31 mars 2016, dans son dernier rapport publié début avril. Le directeur de l’organisation, Ahmed Abdullah, est en détention depuis son arrestation en marge des manifestations du 25 avril. Au moins 152 personnes, accusées d’avoir participé à ces manifestations ont écopé de deux à cinq ans de prison, selon des sources judiciaires dans un nouveau bilan (le 15 mai) de procès tenus la veille.