Visite d’Emmanuel Macron, le ministre de l’économie, sur le site Areva du Creusot, le 2 mai. | ROBERT PRATTA / REUTERS

Les anomalies détectées dans le contrôle des fabrications à l’usine d’Areva au Creusot (Saône-et-Loire) ne remettent pas en cause l’intégrité des composants nucléaires forgés sur le site, a assuré Areva dans un point d’étape publié mardi 31 mai.

Le groupe s’exprime après « une première analyse interne sur deux tiers de ces constats ».

Le 3 mai, Les Echos avaient révélé qu’un audit lancé à la fin de 2015 sur les productions de l’usine Creusot Forge (Saône-et-Loire) avait permis de détecter « des incohérences dans les dossiers de fabrication ». Areva avait annoncé ne pas exclure que des « anomalies » avaient été détectées dans le suivi des processus de fabrication d’équipements au sein de l’usine.

Selon l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), ces irrégularités concernent environ 400 pièces produites depuis 1965, dont une cinquantaine seraient en service dans le parc nucléaire français, dans des centrales non précisées. Elles consistent en « des incohérences, des modifications ou des omissions dans les dossiers de fabrication portant sur des paramètres de fabrication ou des résultats d’essais », selon l’ASN.

Affirmations prématurées pour l’Autorité de sûreté nucléaire

Les premières analyses, réalisées avec EDF pour le parc de réacteurs français, concernent les quelque 260 dossiers relatifs à des pièces nucléaires, tandis que des anomalies ont été détectées aussi sur des pièces non nucléaires.

Le 12 mai, EDF avait déjà assuré que l’analyse des anomalies n’avait mis au jour aucun défaut nécessitant de mettre à l’arrêt une centrale française exploitée par le groupe.

La ministre de l’environnement et de l’énergie, Ségolène Royal, avait de son côté indiqué que les premiers résultats des tests menés par Areva étaient « bons », assurant que les pièces étaient conformes malgré des documents « mal faits ».

Mais pour l’ASN, les affirmations d’Areva sont prématurées : le spécialiste du nucléaire doit encore prouver que ces anomalies ne mettent pas en cause la résistance des pièces.

« A ce stade, Areva estime que la tenue mécanique des matériels, l’intégrité des équipements, n’est pas mise en cause. L’ASN estime que les justifications fournies à ce jour sont insuffisantes pour aboutir à cette conclusion », a déclaré mardi Guillaume Bouyt, chef de l’antenne de l’ASN basée à Caen, lors d’une conférence de presse.

Par ailleurs, une instruction est également en cours à l’ASN sur des anomalies détectées sur des générateurs de vapeur équipant des réacteurs français, du type de celles détectées sur la cuve de l’EPR.