Le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, le 14 juin 2016. | ERIC PIERMONT / AFP

Emmanuel Macron l’a répété une nouvelle fois sur RTL vendredi 17 juin : il n’est pas, « aujourd’hui », candidat à la présidentielle. Durant une longue interview, le ministre de l’économie a pourtant tenu un discours digne d’un politique qui amorce sa campagne.

« Est-ce qu’aujourd’hui je suis candidat à la présidence de la République ? Non. Est-ce que je suis aujourd’hui dans le gouvernement sous la présidence de François Hollande ? Oui. »

« L’offre politique ne permet plus de répondre aux problèmes »

Pour enfoncer le clou, Emmanuel Macron, à l’origine du mouvement En marche, a critiqué les « courses d’ego », estimant que les citoyens voulaient seulement « savoir s’il y a des responsables politiques capables de régler leur problème ». Et d’ajouter : « Ils veulent comprendre quelle est leur vision pour le pays. J’ai rejoint la vie politique française pour faire ça. Pour savoir si je suis Coluche, Brutus ou que sais-je, ce sont vos questions. »

De manière ambiguë, le ministre de l’économie assure que sa place est au gouvernement, mais se dit insatisfait de l’offre politique :

« J’agis en temps que ministre au sein du gouvernement et en même temps je suis convaincu que l’offre politique française aujourd’hui ne permet plus de répondre aux problèmes du pays, parce que les questions fondamentales du pays sont le travail, les injustices, la société ouverte, l’Europe. Je crois à la refondation d’une offre progressiste. »

En avril, pour justifier le lancement de son mouvement politique En marche, le ministre avait tenu un discours similaire : « La gauche aujourd’hui ne me satisfait pas. »

« Je crois dans l’Europe mais dans sa refondation »

Emmanuel Macron a également été interrogé sur le « Brexit ». Selon lui, le référendum organisé au Royaume-Uni sur une sortie ou non de l’Union européenne montre qu’on est à « la fin d’une Europe ultralibérale qui n’a plus de projet politique ».

« C’est le cœur de la discussion politique en Grande-Bretagne », a-t-il jugé, soulignant que les Britanniques voulaient « corriger les effets d’une politique ultralibérale qu’ils ont eux-mêmes défendue, dans laquelle ils nous ont poussés, en particulier il y a dix ans ». « Je crois dans l’Europe mais dans sa refondation », a-t-il poursuivi.

« Le projet européen ne peut pas être seulement un projet d’abolition de règles, c’est un projet dans lequel on doit refonder des solidarités, de la vraie régulation, des préférences collectives. »

« Le sujet (…) n’est pas de savoir si on arrive à être plus compétitifs, si on doit ouvrir tel ou tel marché, a-t-il dit. C’est de savoir si on arrive collectivement à vivre mieux. »

La CGT, « un syndicat important »

Enfin, le ministre de l’économie a été questionné sur l’une des actualités de la journée, à savoir la rencontre décisive entre la ministre du travail et du dialogue social, Myriam El Khomri, et Philippe Martinez, le secrétaire général de la Confédération générale du travail (CGT). Une rencontre portant sur la loi travail et plus particulièrement l’article 2 du texte gouvernemental, qui consacre la primauté des accords d’entreprise sur les accords de branche en matière de temps de travail.

Concernant les grèves qui ont touché différents secteurs professionnels (SNCF, raffinerie, aviation, nucléaire), et qui se déroulaient généralement sous l’impulsion de la CGT, Emmanuel Macron a estimé qu’il s’agissait d’un « syndicat très important », en émettant toutefois une réserve :

« On entend une angoisse face au changement. Il faut éviter toute manipulation sur ce sujet. On peut reprocher à la CGT d’avoir un peu joué avec cette angoisse, avec la peur de certains. »

Le ministre de l’économie a par ailleurs déploré les débordements en marge des manifestations contre le projet de loi travail, appelant à la « lucidité ». « Il y a dans certaines zones particulièrement touchées un vrai coût pour ceux qui travaillent. Pour ceux qui sont dans des villes comme Rennes, Nantes et La Rochelle. Il y a une discussion à avoir dans la société, il faut avoir de l’autorité et de la lucidité », estime Emmanuel Macron.