Jean-Louis Bianco, le 8 avril 2013. | BERTRAND LANGLOIS / AFP

L’Observatoire de la laïcité a publié, mercredi 8 juin, son rapport annuel, dans lequel il estime qu’il n’y a pas d’augmentation « nette » des situations conflictuelles. Taxée de laxisme vis-à-vis des pressions communautaires, l’instance, qui dépend du gouvernement, a été la cible de critiques récurrentes ces derniers mois.

« Bien sûr qu’il y a des problèmes, des pressions communautaires, des tensions plus fortes depuis quelques années, mais les cas les plus conflictuels ne nous semblent pas en hausse nette, même si tout ne nous remonte pas », a estimé mercredi Jean-Louis Bianco, le président de l’Observatoire. Il affirme constater « un décalage entre la réalité qui nous revient du terrain, des enquêtes, et l’image qu’une partie du système médiatique donne » des problèmes liés à la laïcité.

« Il n’y a pas besoin de lois nouvelles [sur le voile à l’université notamment], il faut que la loi se manifeste pour redire ce qui est permis et interdit, a également jugé M. Bianco. Il faut appliquer la loi avec fermeté, parce que nous avons besoin de barrières par rapport aux pressions communautaires, mais aussi avec sérénité parce que nous pouvons discuter calmement de laïcité. »

Accusé de « dénaturer » sa mission

« Face aux replis identitaires et aux pressions contre la République, que l’on ne doit surtout pas nier, mais aussi face à l’instrumentalisation dangereuse et trop courante de la laïcité, tous nos travaux s’attachent à rappeler le droit, à rappeler ce qui est possible et ce qui ne l’est pas, et sous quelles conditions », écrit M. Bianco en introduction de ce troisième rapport annuel, qui sera remis dans la seconde quinzaine de juin au président François Hollande.

M. Bianco, ancien secrétaire général de l’Elysée, a été au cœur d’une vive polémique en début d’année après que le premier ministre Manuel Valls l’eut accusé de « dénaturer » sa mission par une vision trop accommodante de la laïcité. « Pour moi, la polémique est close », a répété mercredi M. Bianco, qui assume une « laïcité apaisée ».

Le député (Parti socialiste) Jean Glavany, la sénatrice (Parti radical de gauche) Françoise Laborde et Patrick Kessel, président du Comité Laïcité République, avaient suspendu leur participation aux travaux de l’organisation, et l’instance est toujours en attente de la nomination d’un second représentant du Sénat.