Un syndicaliste de la CGT près du dépôt de Douchy-les-Mines dans le nord de la France, le 23 mai. | Michel Spingler / AP

La tension est montée d’un cran lundi 23 mai entre l’exécutif et la Confédération générale du travail (CGT) sur le dossier de la loi travail. La centrale syndicale a décidé de durcir la contestation pour obtenir le retrait du texte, appelant à la prolongation des diverses mouvements de grève et des blocages de raffineries.

Une « dérive » dénoncée par le chef du gouvernement Manuel Valls, qui en marge d’un déplacement en Israël a fustigé un « chantage » inacceptable. Ses ministres des finances et de l’économie sont eux aussi montés au créneau pour critiquer le syndicat de Philippe Martinez, en pointe de la contestation contre le projet de loi depuis le 9 mars.

Michel Sapin a accusé la centrale de n’être que « dans la protestation », estimant en outre que cette posture relève de « raisons souvent internes ». De son côté, Emmanuel Macron a opté pour une rhétorique classique dans ce type de situation : « Il y a une France qui travaille, une France qui produit, une France qui croit en son avenir et il faut la laisser avancer. »

Alors qu’une huitième journée nationale de mobilisation est organisée jeudi par l’intersyndicale CGT-FO-Solidaires-FSU-Unef-Fidl-UNL, le secrétaire général de la CGT a, lui, déploré que le gouvernement choisisse « de bomber le torse, [de] gonfler les muscles » au lieu d’être à « l’écoute de ceux qui ne sont pas contents ». Invité de Canal +, M. Martinez a ainsi fait valoir que lorsque les salariés ne sont pas entendus, « ils passent à la vitesse supérieure ».

« 20 % des stations essence » affectées

Loi travail : la carte des raffineries bloquées

La CGT a appelé au blocage des raffineries pétrolières, « étape supplémentaire » dans la lutte des syndicats contre la loi El Khomri de réforme du code du travail. Vendredi 20 mai, plusieurs installations sont déjà empêchées de fonctionner.

Lundi, six des huit raffineries françaises ont été affectées par des blocages comme plusieurs dépôts de carburant dans le nord-ouest de la France et le sud-est, provoquant des difficultés d’approvisionnement. Selon le secrétaire d’Etat aux transports, Alain Vidalies, « autour de 20 % des stations [la France métropolitaine en compte 12 000] sont fermées ou en grande difficulté ». Dans la soirée, le personnel du terminal pétrolier du Havre, qui représente 40 % des importations, a voté massivement pour la cessation de travail.

Du côté des ports, où le principal appel à la grève concerne la journée de jeudi, les dockers participaient localement au blocage de dépôts pétroliers, comme celui de Donges, près de Nantes ou de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). En revanche, le mouvement des routiers, lancé il y a une semaine, semblait en perte de vitesse après les garanties apportées par M. Vidalies sur le paiement de leurs heures supplémentaires.

Côté rail, le mouvement n’était plus suivi lundi que par un faible nombre de cheminots SUD-rail, affectant légèrement en région parisienne le RER E et trois lignes du Transilien (J, L et P). Motivé en premier lieu pour peser sur les négociations en cours au niveau de la branche et à la SNCF sur l’organisation du travail, la contestation devait retrouver de la vigueur mercredi, avec le retour des grévistes suivant l’appel de la CGT-Cheminots à débrayer tous les mercredis et jeudis. La SNCF communiquera ses prévisions de trafic mardi.

En attendant une neuvième journée déjà programmée le 14 juin, d’autres mouvements se profilent : à la RATP, avec un appel de la CGT à une grève illimitée à partir du 2 juin, contre le projet de loi et pour une hausse des salaires.

Lassé de ce conflit, le patronat a lancé quant à lui un appel au gouvernement. Le Medef et la CGPME, rejoignant l’UPA (artisans et commerçants), ont demandé à l’exécutif de rétablir « l’Etat de droit » pour « garantir aux salariés et entrepreneurs leur capacité de travailler ».