Le pape François et le cardinal Barbarin au Vatican, le 20 mai 2016. | HAND OUT / AFP

L’influent cardinal français Philippe Barbarin, éclaboussé par des affaires de pédophilie dans son diocèse de Lyon, a confirmé, vendredi 20 mai, rester à son poste à l’issue d’un entretien avec le pape François au Vatican. Alors que des associations de victimes et plusieurs personnalités politiques, jusqu’au premier ministre français, Manuel Valls, ont réclamé sa démission, le souverain pontife lui a plutôt apporté son soutien, tout en estimant que les évêques ayant protégé des pédophiles devaient démissionner.

« Si la justice mettait en lumière un grave manquement dans la conduite de ma mission, [une démission] serait effectivement une perspective à envisager. Pour l’heure, ce ne serait pas responsable, ce serait même contraire à mon devoir : on ne quitte pas le navire en pleine tempête ! », a déclaré le prélat, l’un des plus influents de l’Eglise de France, dans un entretien au quotidien Le Figaro.

« On aurait aimé être reçus à la place du cardinal »

Selon Mgr Barbarin, le pape lui a « redit sa confiance » et lui a conseillé « d’attendre paisiblement que la justice ait accompli sa mission ». François « a d’abord pris le temps d’écouter attentivement. Il semblait très informé de la situation. Il m’a redit sa confiance, sa prière et sa conviction intime : il n’y a pas de place dans le ministère pour ceux qui abusent des enfants, et ce, de façon imprescriptible », a-t-il rapporté au Figaro. Dans un entretien publié mardi par La Croix, le pape avait déjà pris fermement la défense de l’archevêque de Lyon, déclarant que sa démission avant l’issue d’un hypothétique procès serait « un contresens ».

Le cardinal Barbarin est visé par deux enquêtes préliminaires pour « non-dénonciation » d’agressions sexuelles de jeunes scouts entre 1986 et 1991 par un prêtre du diocèse de Lyon, Bernard Preynat. Ce dernier, en activité jusqu’en août 2015, a été mis en examen le 27 janvier après avoir reconnu les faits. Archevêque de Lyon depuis 2002, le cardinal Barbarin nie avoir couvert de tels faits, mais il a admis en avril « des erreurs dans la gestion et la nomination de certains prêtres ».

Son entretien au Vatican a été mal perçu par des victimes de prêtres pédophiles qui cherchent à rencontrer le pape François. « On aurait aimé être reçus à la place du cardinal Barbarin, on constate une fois de plus que les victimes sont laissées de côté », a critiqué Bertrand Virieux, l’un des cofondateurs de l’association lyonnaise La Parole libérée.