« J’ai déposé ma déclaration financière personnelle (PFD), et je suis fier que ce soit la plus grande de l’histoire de la FEC », a déclaré Donald Trump. | EDUARDO MUNOZ ALVAREZ / AFP

Donald Trump dit avoir plus de 557 millions de dollars de revenus et un patrimoine net de plus de 10 milliards de dollars. Le candidat à l’investiture républicaine a déclaré avoir déposé auprès de la commission électorale fédérale (FEC) sa déclaration financière personnelle, un document que les candidats aux élections fédérales doivent remplir afin d’énumérer les sociétés dans lesquelles ils ont des mandats ou des intérêts, ainsi que leurs actifs et leurs dettes.

Les montants exacts n’apparaissent pas, seulement des fourchettes pour la plupart des catégories, ce qui rend impossible toute estimation indépendante de la fortune nette du candidat.

« J’ai déposé ma déclaration financière personnelle (PFD), et je suis fier que ce soit la plus grande de l’histoire de la FEC », a déclaré Donald Trump dans un communiqué.

Défiance des donateurs traditionnels du Parti républicain

Il n’empêche, au-delà de la fanfaronnade, Donald Trump peut se faire du souci. Selon le New York Times, une cinquantaine de grands donateurs du Parti républicain (GOP) au cours des dernières élections ont décidé de ne pas lui apporter leur soutien. Dommage, quand on sait qu’il lui faudra lever environ 1 milliard de dollars pour financer sa campagne pour l’élection du 8 novembre. En 2012, Barack Obama et Mitt Romney avaient levé plus de 1 milliard de dollars chacun, et Hillary Clinton devrait sans difficulté dépasser ce budget en 2016.

Parmi ces grands donateurs se trouvent des grands noms de la finance comme le milliardaire new-yorkais Paul E. Singer, qui a financé le Parti républicain à hauteur de 28 millions de dollars depuis 2012, ou Joe Ricketts, patron de la firme de courtage en ligne TD Ameritrade (30 millions de dollars), ou les gestionnaires de fonds spéculatifs (William Oberndorf et Seth Klarman). « Si c’est Trump contre Clinton, je voterai Hillary », résume M. Oberndorf au New York Times.

Ces donateurs du GOP lui reprochent ses prises de position à l’emporte-pièce sur les grands sujets, son programme économique populiste, avec des mesures protectionnistes et anti-immigration. D’autres lui reprochent de solliciter leur soutien alors qu’il prétend justement disposer d’une fortune personnelle qui devrait lui permettre de se passer leur aide.

Accélération de la campagne

Jusqu’à présent, la campagne du magnat a reposé sur un mélange détonant de flatteries destinées à brosser l’électorat dans le sens du poil de ses frustrations et d’attaques contre l’establishment du Parti républicain, le tout financé par les donations de ses partisans et sa fortune personnelle. Maintenant qu’il est débarrassé de ses concurrents Ted Cruz ou John Kasich, il s’agit d’aller plus loin et de convaincre de nouvelles tranches d’électeurs.

Pour cela, il va avoir besoin d’argent frais. Il a recruté Steven Mnuchin au poste de directeur financier de sa campagne. Ce financier qui a un pied à Wall Street (dix-sept ans chez Goldman Sachs) et l’autre à Hollywood, où il a financé des blockbusters comme Avatar, la franchise X-Men ou American Sniper, est éclectique, puisqu’il a contribué par le passé aux campagnes de Hillary Clinton, d’autres candidats démocrates mais aussi républicains, écrit le site OpenSecrets.

Donald Trump compte aussi se lancer dans des réunions de levée de fonds, comme Hillary Clinton. Rendez-vous mercredi à LA, avec un ticket d’entrée à 25 000 dollars.

Rares soutiens

Des contributeurs traditionnels du GOP comme Sheldon G. Adelson, propriétaire d’un groupe de jeux (casinos), les financiers T. Boone Pickens ou Foster Friess ont décidé de soutenir Donald Trump contre vents et marées.

Plus prudents, les deux frères Charles et David Koch (quatrième place du classement des milliardaires américains), qui ont mis leurs donations au service du mouvement conservateur, se contenteront de soutenir les élus républicains dont les sièges seraient menacés au Congrès.

Donald Trump compte aussi se lancer dans des réunions de levée de fonds, comme Hillary Clinton. Rendez-vous mercredi à LA, avec un ticket d’entrée à 25 000 dollars. | EDUARDO MUNOZ ALVAREZ / AFP

Le New York Times relève que certains donateurs attendent de voir et font monter les enchères autour du programme du candidat pour envisager de lui apporter leur soutien.

D’autres estiment qu’il serait plus simple de soutenir Hillary Clinton, qui reste un « mal connu, auquel les Etats-Unis survivront », déclare Michael K. Vlock, un donateur du Connecticut, au NYT.

Risque d’être distancé dans la course aux fonds

Au-delà de cette défiance, Donald Trump court le risque d’être dépassé par Hillary Clinton dans les collectes de fonds nécessaires à la campagne.

L’analyse des dépenses de Hillary Clinton pour le mois d’avril, adressée à la FEC et publiée par Politico, montre à quel point sa mécanique de campagne est bien huilée.

Donald Trump a beaucoup investi beaucoup dans ses courriers aux électeurs (931 000 dollars) et ses produits dérivés. | David Goldman / AP

En avril, les dépenses de campagne de Donald Trump ne représentaient que 57 millions de dollars, à comparer avec les 182 millions de la campagne de Hillary Clinton, et son équipe ne comprenait que 70 salariés, contre 732 pour la candidate démocrate.

Pareillement, les équipes de campagne de Hillary Clinton sont plus avancées dans les domaines de l’analyse du comportement des électeurs ou des sondages. Politico note que Donald Trump vient seulement de recruter un expert en sondages, mais il n’a pas encore dépensé un cent en sondages, quand Hillary Clinton avait dépensé 896 000 dollars pour le seul mois d’avril.

En revanche, le candidat investit beaucoup dans ses courriers aux électeurs (931 000 dollars) et ses produits dérivés, comme la casquette Make America Great Again, ses T-shirts et ses tasses à café (856 000 dollars), contre 88 000 dollars en merchandising chez la candidate démocrate.