Paul Pogba le 19 juin, après le match contre la Suisse. | Gonzalo Fuentes / REUTERS

Une impression de légèreté, de joie de jouer retrouvée : « A la mi-temps, Pogba avait déjà été fait roi du stade de Lille Métropole, avec ses enjambées qui arrivent au-delà de ce que tous les autres peuvent imaginer », s’enthousiasme le quotidien espagnol El Pais après le match nul de la France face à la Suisse (0-0), dimanche 19 juin. Un match nul synonyme de première place pour les Bleus, qui joueront leur huitième de finale dimanche 26 juin.

« Une partie que Pogba entama comme un homme possédé, porté par ses longues jambes mangeant le terrain, écrit de son côté Owen Wilson dans The Guardian. Glissant autour de la pelouse sur le côté gauche d’un milieu à trois, il avait la foule avec lui au début de la rencontre. »

Il a été « l’homme de la soirée », acquiesce Kicker, la publication allemande de référence en matière de football. Décevant depuis le début de l’Euro, le jeune milieu de terrain français, annoncé comme LA star de la compétition, renvoyé sur le banc face à l’Albanie, aurait-il renversé la tendance ?

Un déclic pour l’équipe

Pour Owen Wilson toujours, Paul Pogba a fait de son mieux pour illuminer le jeu français : « Deschamps a dit de lui qu’il était une force vitale, l’âme et le cœur de la performance française de la première demi-heure, réitérant sa confiance en ce joueur doté d’un potentiel extraordinaire. » Certes, poursuit le chroniqueur du Guardian, « une partie du jeu des Bleus a fini en lambeaux, comme les maillots de leurs adversaires, mais il y aura eu juste assez de signes pour espérer qu’il y aura un déclic – et pas seulement pour Paul Pogba, zéro devenu héros ».

The Times note que, tout comme Dimitri Payet, « Pogba est devenu crucial pour cette équipe ; en réalité, les Bleus ont besoin des deux à leur meilleur niveau s’ils ne veulent pas que la colline qu’ils ont à gravir ne se transforme en montagne. »

La performance du numéro 15 des Bleus n’a pas échappé à Tiago Palma, du site d’information portugais Observador. « Quand il accélère, personne ne peut le suivre, ou presque. Il assure les transitions entre les phases défensives et les phases offensives comme un véritable numéro huit. Et il défend comme un numéro 6. Paul Pogba est un poulpe, se régale le chroniqueur portugais. Il a certes mal commencé l’Euro, il était sur le banc des remplaçants contre l’Albanie, mais à chaque fois qu’il est entré il a montré comme un air de grâce. »

Suffisant pour être champion d’Europe ?

Pour le quotidien espagnol La Razon, toutefois, il faut rester prudent et ne pas surestimer la performance de Pogba : « Son apport sur le terrain a diminué au même rythme que les millions de sa valeur marchande augmentaient : c’est un joueur médiatique, mais il n’a pas encore prouvé sur la pelouse ce qu’il vaut. Hier, il a tout de même montré un aperçu de sa qualité. »

Le journal El Mundo, lui, estime que les problèmes récents du milieu de la Juventus Turin sont davantage liés aux problèmes de l’équipe de France, et non à Paul Pogba lui-même. « Il ne convient pas au style de Deschamps, cela se voit de suite. Il ne veut pas suivre les idées de son entraîneur, cela se voit beaucoup, insiste le chroniqueur du quotidien espagnol, Julian Ruiz. Par son insolence, le sélectionneur a perdu ses deux meilleurs joueurs [avec Griezmann] quand il a décidé de les placer sur le banc face à l’Albanie. »

Avec ce match contre la Suisse, Deschamps semble avoir au moins récupéré Paul Pogba mais, comme s’interroge Observador, « ses tentacules seront-ils suffisants pour aller chercher la coupe Henri-Delaunay ? »