Amin Maalouf aux côtés des historiens Pierre Nora et Hélène Carrère d'Encausse, avant l’intronisation d’Alain Finkielkraut, le 28 janvier 2016. | JACQUES DEMARTHON / AFP

Des médias libanais ont lancé une campagne de dénigrement contre l’écrivain et académicien franco-libanais Amin Maalouf après son intervention sur une chaîne de télévision israélienne le 2 juin. Invité de l’émission « Culture » sur la chaîne francophone i24, l’auteur des Identités meurtrières a parlé de quatre siècles d’Académie française et des 18 Immortels (nom donné aux membres de cette Académie) qui l’ont précédé.

Son intervention a fâché deux quotidiens libanais, Al-Akhbar et As-Safir, qui font de la lutte contre Israël le point central de leur politique éditoriale, et s’en sont pris à l’auteur.

« Léon l’Israélien », titrait ainsi mercredi l’éditorial d’Al-Akhbar. M. Maalouf « n’a-t-il pas été gêné par cette “reconnaissance” symbolique d’Israël ? », déformant le titre du livre qui l’avait rendu célèbre « Léon l’Africain ». « La trahison d’un “intellectuel”», écrivait pour sa part As-Safir.

« Nous appelons l’éminent écrivain libanais Amin Maalouf à s’excuser pour cette interview », a écrit dans un communiqué mercredi la campagne pour le boycottage des partisans d’Israël au Liban (BDS).

Prix Goncourt 1993

« Amin Maalouf a promu la culture, la justice et la paix sur i24. La campagne contre lui est d’une bêtise sans nom », a tweeté en revanche Ziyad Makhoul, un des rédacteurs en chef du quotidien francophone L’Orient-Le Jour.

Prix Goncourt en 1993 pour Le Rocher de Tanios, M. Maalouf est également auteur de célèbres romans, comme Samarcande, Le Jardin de lumière ou Le Périple de Baldassare. Il est aussi l’auteur d’essais et de récits comme Les Croisades vues par les Arabes, Léon l’Africain ou encore Un fauteuil sur la Seine. En 2011, il a été élu à l’Académie française, au fauteuil de Claude Lévi-Strauss.

Le Liban et Israël sont encore officiellement en guerre. Au terme d’une occupation de vingt-deux ans du sud du pays, l’armée israélienne s’est retirée en 2000 du territoire. Mais à l’été 2006, l’Etat hébreu et le Hezbollah se sont livrés une guerre meurtrière.