Le dalaï-lama à McLeod Ganj (Inde) le 27 mai 2016. | LOBSANG WANGYAL / AFP

Le chef spirituel tibétain, lui-même un exilé, juge qu’il y a actuellement trop de réfugiés sur le sol européen, tout en exprimant son empathie pour les migrants. Dans un entretien accordé à des journalistes de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, depuis Dharamsala (Inde), la capitale des Tibétains ayant fui leur région sous gouvernance chinoise, le dalaï-lama s’est exprimé ainsi sur la crise migratoire que traverse l’Europe : « Quand nous regardons le visage de chaque réfugié, surtout ceux des enfants et des femmes, nous ressentons leur souffrance, et un être humain qui a de meilleures conditions de vie a la responsabilité de les aider. Mais, d’un autre côté, il y en a trop à présent », déclare ainsi Tenzin Gyatso le mardi 31 mai.

Le Prix Nobel de la paix 1989 juge donc simultanément que le continent européen accueille trop de migrants. « L’Europe, l’Allemagne en particulier, ne peut devenir un pays arabe, l’Allemagne est l’Allemagne », juge le quatorzième dalaï-lama. Il constate que leur nombre présente une difficulté sur le plan pratique, et que leur accueil ne devrait être que provisoire, l’objectif devant être pour eux de rentrer à terme dans leur pays, pour contribuer à la reconstruction.

Au passage, le chef religieux réitère son souhait de remettre un jour le pied sur sa terre natale, dont il a franchi la frontière en 1959 après quinze jours de marche dans l’Himalaya. « Si les conditions de mon retour sont réunies, à tout le moins une courte visite, cela serait pour moi une joie », a confié celui que la propagande chinoise qualifie parfois de « loup en robe de moine ».

Le dalaï-lama a renoncé en 2011 à ses fonctions politiques. A l’issue d’un premier mandat de cinq ans, le « sikyong », ou premier ministre, qui a pris sa suite à la tête du gouvernement de Dharamsala, a été réélu le 20 mars 2016. Fortement sollicité par les journalistes, l’homme de 80 ans a eu à plusieurs reprises, ces dernières années, des réponses maladroites. En 2015, sur la BBC, il jugeait que, du fait de leur compassion, les femmes devraient jouer un rôle plus important dans la gestion des affaires du monde, ajoutant qu’une femme pourrait lui succéder à condition qu’elle soit « très, très séduisante ».