La reine Elizabeth II et le prince Philip lors de la cérémonie à la cathédrale Saint Paul de Londres vendredi 10 juin. | IAN VOGLER / AFP

Pour être reine, on n’en est pas moins un simple être humain. Elizabeth II, qui a toujours mis un point d’honneur à respecter l’adage selon lequel la ponctualité est la politesse des rois, est arrivée en retard à son 90e anniversaire, vendredi 10 juin. Douze minutes, ce n’est pas bien grave, sauf quand 2 000 personnes vous attendent en tenue d’apparat à Saint-Paul’s Cathedral. Aussi, quand les grandes orgues ont jailli de toute leur puissance, on a senti comme un soulagement dans l’assistance. Un tweet de la BBC avait déjà rassuré les inquiets. La royale limousine avait dû faire un détour suite à un embouteillage.

Un être humain un peu particulier tout de même si l’on en croit Justin Welby, l’archevêque de Cantorbéry. « Quand la reine est née, personne ne savait à quoi elle était destinée. Aujourd’hui nous reconnaissons que Dieu savait, a-t-il affirmé dans son sermon de cette messe d’action de grâces. Nous repensons avec un grand émerveillement et une profonde gratitude aux 90 ans de Votre Majesté dans la vie de notre pays. » L’archevêque, qui dirige l’Eglise anglicane dont la reine est la vraie patronne, n’a pas lésiné sur les compliments. « Dans la guerre et les difficultés (…) , nous avons été merveilleusement soutenus. (…) Vous avez été un instrument de la paix de Dieu. »

La reine Elizabeth II entourée par la famille royale vendredi 10 juin à Londres. | IAN VOGLER / AFP

Pas moins de 53 membres de la famille royale entouraient la monarque, vêtue d’un ensemble jaune beurre frais, et le prince Philippe qui, lui, fêtait vendredi son 95e anniversaire (l’anniversaire d’Elizabeth II tombe le 21 avril, mais il est de tradition d’attendre les beaux jours pour le célébrer). A treize jours d’un référendum qui pourrait préluder à l’éclatement du Royaume-Uni – une victoire des pro-« Brexit » renforcerait les indépendantistes écossais –, le temps était suspendu. Au milieu des dames à bibis chamarrés, les politiques prenaient soin d’être vus en train d’articuler les psaumes, y compris Jeremy Corbyn. Le chef du Labour, qui avait refusé de chanter le God Save the Queen peu après son élection, est rentré dans le rang. Pas question pour lui de se faire remarquer, alors que ses propres camarades critiquent son absence dans la campagne pour le « in ».

Quant à David Cameron, assis devant ses prédécesseurs Tony Blair et John Major, il s’est levé pour lire avec application un passage du Nouveau Testament invitant à chercher le royaume de Dieu plutôt que sa nourriture quotidienne. Difficile d’y trouver une allusion à la guerre pour le pouvoir au sein des Tories. Ceux des politiques qui attendaient un petit signe de la reine avant une échéance périlleuse en ont été pour leurs frais au terme d’une cérémonie qui brillait par sa sobriété. La reine, seule à ne pas entonner l’hymne à sa gloire, n’a pas desserré les dents.