Hillary Clinton lors d’un meeting à Long Beach, en Californie, le 6 juin. | JONATHAN ALCORN / AFP

L’agence de presse américaine Associated press (AP) a bousculé la course à l’investiture démocrate, lundi 6 juin au soir, en assurant que la favorite, Hillary Clinton, disposait désormais du nombre de délégués nécessaires (2 383) pour être adoubée par son parti.

L’agence a établi sa réputation dans le décompte parfois byzantin des votes exprimés lors de la convention à venir, en juillet, en tenant à jour les choix des super-délégués, ces cadres du parti qui constituent un corps électoral spécifique et qui ne sont pas désignés dans le cadre des caucus et primaires. Lundi matin, il ne manquait que 26 voix à Mme Clinton pour parvenir au nombre requis.

L’annonce d’AP a été relativisée par l’intéressée, qui s’est déclarée « flattée » sur son compte Twitter avant d’ajouter que son équipe et elle-même ont « des primaires à remporter ». La prudence de Mme Clinton n’est pas que formelle. Plus que sa victoire, attendue de manière quasi certaine à l’occasion des votes prévus dans six États mardi, dont la Californie et le New Jersey, c’est la légitimité de cette dernière qui fait l’objet depuis de longues semaines de divergences profondes avec son adversaire, le sénateur indépendant du Vermont, Bernie Sanders. Ce dernier a d’ailleurs jugé précipitée l’annonce de l’agence de presse américaine.

Le choix des super-délégués pas encore définitif

Faute d’un véritable ancrage au sein du Parti démocrate, M. Sanders n’a en effet glané jusqu’à présent qu’un très faible nombre de super-délégués (48 contre 571 pour l’ancienne secrétaire d’Etat). Ce handicap rédhibitoire l’a poussé à critiquer avec force le statut de ces votants. Le sénateur indépendant estime être en mesure de faire changer d’avis certains de ces cadres démocrates, ce qui relève à ce jour de la gageure. Jugeant que leur vote ne sera exprimé que lors de la convention de juillet, prévue à Philadelphie, il assure que leur nombre doit être retranché du total de Mme Clinton et que l’ancienne secrétaire d’Etat ne dispose donc pas pour l’instant des 2 383 voix nécessaires.

Distancé par Mme Clinton dans le vote populaire comme dans le nombre de victoires, M. Sanders accusait lundi soir un retard de plus de 800 délégués pour parvenir au seuil requis, un objectif hors d’atteinte sans un revirement massif de super-délégués. Derrière cette contestation de règles du jeu pourtant acceptées au début de la course à l’investiture, apparaît en filigrane un enjeu : celui de la réunification du camp démocrate. En 2008, l’ancienne secrétaire d’Etat n’avait rendu les armes qu’après les derniers votes alors qu’un écart plus réduit la séparait du vainqueur, Barack Obama.

Les deux protagonistes d’alors étaient cependant l’un comme l’autre membre du Parti démocrate. Il en va autrement avec M. Sanders qui selon la presse américaine a conversé dimanche pendant plus d’une demi-heure au téléphone avec un observateur attentif de cette course disputée : M. Obama lui-même.