À l’E3, si le nouveau Zelda était la principale attraction de Nintendo, il a aussi beaucoup été question, en creux, de la prochaine console de la firme. | FREDERIC J. BROWN / AFP

Durant le salon du jeu vidéo de l’E3 (Electronic Entertainment Exposition), qui s’est tenu du 14 au 16 juin à Los Angeles, le géant japonais du jeu vidéo a concentré sa communication sur The Legend of Zelda : Breath of the Wild, son dernier jeu sur Wii U et premier sur sa future console, la mystérieuse NX. Si le constructeur avait prévenu que celle-ci ne serait pas dévoilée, il a toutefois distillé quelques premiers indices au gré des interviews.

La console

  • Elle n’aura pas d’écran déporté

Quatre ans après la sortie de sa dernière console de salon, la Wii U, Nintendo fait marche arrière. Dans une interview à Wired, Eiji Aonuma, producteur du prochain Zelda, a fait l’autocritique du concept d’un second écran à même la manette.

« Nous nous sommes rendu compte qu’avoir quelque chose sur le GamePad [le nom de la manette à écran intégré de la Wii U] et faire des allers-retours de l’écran de la télévision au GamePad perturbait la concentration du joueur et son expérience du jeu. Le système GPS de votre voiture est sur votre tableau de bord, s’il est sur vos genoux, vous courez à l’accident. »
  • Elle ne fera pas de réalité virtuelle

Nintendo a été précurseur avec le casque Virtual Boy, en 1995, qui reste à ce jour son plus grand échec commercial. Si la firme de Kyoto n’exclut pas d’être présente sur ce marché le jour où celui-ci lui paraîtra viable, cela n’est pas à l’ordre du jour. « La réalité virtuelle n’est pas tout à fait adaptée pour les utilisations grand public, à grande échelle, et dans lesquelles les consommateurs peuvent s’investir longtemps au lieu de picorer », a écarté Reginald Fils-Aimé, le président de Nintendo of America, dans un entretien à Bloomberg.

  • Elle sera moins puissante que ses concurrentes

Sony et Microsoft ont annoncé la sortie en 2017 de consoles compatibles avec la norme ultra-haute définition, dite 4K. Mais comme depuis la sortie de la Wii en 2006, Nintendo ne les suivra pas dans leur surenchère technologique. « Pour nous, ce ne sont pas les caractéristiques techniques [qui comptent], ni les téraflops [unité de mesure de puissance de calcul numérique], ni la voilure d’un système donné, mais le contenu, a déclaré Reginald Fils-Aimé, toujours à Bloomberg. Donc, peu importe ce que font Microsoft et Sony […]. »

Son catalogue

  • Un nouveau type de Mario en chantier

Shigeru Miyamoto, le père du plombier qui sert de mascotte à la firme, a prévenu d’un virage dans sa série phare. « Nous nous mettons toujours au défi de créer quelque chose de neuf, donc si tout va bien vous verrez un nouveau type de Mario dans un an ou deux. Peut-être serons-nous en mesure de partager des informations au prochain E3 », a-t-il déclaré au site spécialisé IGN.

  • Un hors-série sur la princesse Zelda

Alors que certains et certaines se plaignent de ne pouvoir incarner un Link femme dans le prochain The Legend of Zelda, le créatif en chef de Nintendo a évoqué auprès du site spécialisé Game Rant la possibilité d’« un jeu hors série mettant en scène Sheik [l’identité de la princesse lorsqu’elle se déguise en ninja] ». Sans toutefois s’y engager.

  • Just Dance 2017 et Ubisoft sur NX

Ubisoft a été le premier éditeur-tiers à annoncer un jeu sur NX, Just Dance 2017, et est également cité par Nintendo parmi ses plus proches collaborateurs. « On a une relation directe entre Nintendo et les studios français qui est absolument unique », explique au Monde Emmanuel Carré, porte-parole de l’entreprise française. « Nous avions été au lancement de la Wii avec Red Steel et les Lapins crétins, puis Just Dance qui a très bien marché, avec 60 millions des ventes dans le monde. On a refait ce partenariat de proximité avec eux pour Zombi U, sur Wii U », rappelle Xavier Poix, directeur des studios français de l’éditeur.

  • Capcom et Warnor Bros. cités, pas Sega

Outre Ubisoft, le directeur commercial de Nintendo of America, Scott Moffitt, a évoqué auprès du Financial Post le soutien des éditeurs Capcom (Monster Hunter) et Warner Bros. (Lego, Batman…). Aucun mot en revanche pour SEGA, dont l’accord d’exclusivité pour plusieurs jeux Sonic sur consoles Nintendo est arrivé à expiration. Les deux anciens rivaux copublient tous les deux ans depuis 2007 un jeu Mario & Sonic aux Jeux Olympiques.

La stratégie

  • Un lever de rideau en fin d’année

La console sortira en mars 2017, le dernier mois de l’année fiscale du constructeur, avait déjà annoncé Nintendo en avril dernier. Et sa communication débutera dans la seconde partie de l’année 2016. « Nous avons décidé de mettre l’accent sur Zelda [à cet E3]. On se reparlera de la NX d’ici la fin de l’année. À ce moment, ce sera 100 % NX », a prévenu le directeur général de Nintendo Canada, Pierre-Paul Trépanier, dans un entretien à La Presse.

  • Un positionnement en rupture

Nintendo ne cherchera pas la confrontation directe avec ses concurrents Sony et Microsoft. « Nous les laissons se battre dans l’océan rouge », a déclaré Reginald Fils-Aimé, à Bloomberg, en référence à un concept marketing décrivant une situation où les acteurs se disputent frontalement un marché donné. Dans une conférence de 2006, année de la Wii, le même Reggie Fils-Aimé vantait déjà la stratégie de « l’océan bleu », qui consiste à aller chercher de nouvelles débouchées en séduisant de nouveaux publics. « […] Nous avons réussi à faire venir de nouveaux joueurs dans l’industrie. Et c’est essentiel », avait alors expliqué l’homme fort de NoA, citant notamment le public des filles et des seniors.