Le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro le 3 novembre 2015 à Abidjan. | SIA KAMBOU / AFP

La justice du Burkina Faso a annoncé lundi 6 juin qu’elle renonçait à son mandat d’arrêt contre le président de l’Assemblée nationale ivoirienne Guillaume Soro pour son implication présumée dans le coup d’Etat manqué de septembre, mais a demandé à la Côte d’Ivoire de le poursuivre dans le cadre d’une autre procédure dite de « dénonciation ».

La justice militaire burkinabé avait émis le 8 janvier un mandat d’arrêt contre l’ex-chef de la rébellion ivoirienne. Selon le commissaire du gouvernement, le commandant Alioune Zanré, le Burkina Faso rencontre des difficultés pour faire appliquer le mandat d’arrêt à cause du « principe selon lequel aucun Etat n’extrade son national ». En outre, selon les « conventions multilatérales et bilatérales qui lient le Burkina aux autres organisations et pays (…) l’extradition n’est pas possible en matière d’infraction politique » et « en matière d’infractions militaires », a précisé M. Zanré.

« Que pouvons-nous faire, si ce n’est changer de fusil d’épaule ? »

Par ailleurs, selon le commandant burkinabé, Interpol a fait savoir « qu’il n’exécute pas les mandats concernant les infractions politiques ou de juridictions d’exception comme celui du tribunal militaire », a-t-il rapporté. « Face à ces obstacles, que pouvons-nous faire, si ce n’est changer de fusil d’épaule ? », a-t-il lâché.

Ce dossier empoisonne les relations entre les diplomaties ivoirienne et burkinabé depuis des mois. La justice burkinabé veut pousser plus loin son enquête sur l’enregistrement d’une conversation téléphonique supposée entre Djibrill Bassolé, ex-ministre des affaires étrangères du Burkina, et Guillaume Soro, et dans laquelle les deux interlocuteurs parlent du putsch en cours.

Djibrill Bassolé, homme clé du régime de Blaise Compaoré, et Guillaume Soro, ancien chef de la rébellion ivoirienne (2002-2010), ont tous les deux nié avoir eu cette conversation, dénonçant une « manipulation ».