D’anciens rebelles du M23 dans le camp de réfugiés de Ramwanja, en décembre 2014. | ISAAC KASAMANI / AFP

L’ex-rébellion congolaise du Mouvement du 23-Mars (M23) réclame, dans un communiqué diffusé vendredi 17 juin, un nouveau programme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) pour les miliciens ou anciens combattants des groupes armés en République démocratique du Congo.

« Les graves incidents mortels à répétition, l’incapacité du gouvernement à faire aboutir son propre programme, les mauvaises conditions de vie entretenues dans les centres de démobilisation ont transformé ces lieux en véritables mouroirs », souligne Bertrand Bisimwa, le président du M23. Une référence aux heurts survenus mercredi à Kamina, dans le sud-est de la RDC, à l’occasion d’une manifestation d’ex-rebelles cantonnés dans un camp DDR.

Le M23 « voudrait être associé à la conception, à l’élaboration et à la conduite d’un nouveau programme (…) plus réaliste » et « attrayant ». Il souhaite également prendre part à une commission d’enquête sur les événements de Kamina et sur la mutinerie d’anciens rebelles ayant touché en février une autre base militaire accueillant le DDR, Kitona, dans l’extrême ouest du pays.

Dernier avatar des rébellions à dominante tutsi soutenues par le Rwanda et l’Ouganda dans l’est de la RDC depuis la fin de la deuxième guerre du Congo (1998-2003), le M23 a été défait en novembre 2013 après 18 mois de guerre au Nord-Kivu, province déchirée par les conflits armés depuis plus de vingt ans. Le mouvement a confirmé en décembre 2013 son renoncement à la rébellion lors de la signature des déclarations de Nairobi par lesquelles le gouvernement de Kinshasa et le M23 ont formellement enterré la hache de guerre.

Interrogé par l’AFP sur les demandes de M. Bisimwa, le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende a déclaré : « Le M23 n’existe pas. Nous n’avons pas à réagir à des entités qui n’existent pas (…), nous ne recevons pas de revendications d’une entité qui s’est auto-dissoute ».

Bilan incertain à Kamina

Le bilan des heurts de Kamina fait polémique. Mercredi, une source à l’hôpital militaire local ayant requis l’anonymat avait affirmé qu’il y avait eu « des morts », sans vouloir en préciser le nombre. Mais vendredi, Emmanuel Cole, président de la Fondation Bill Clinton pour la paix, organisation de défense des droits humains basée à Kinshasa, évoquait douze tués : neuf parmi les démobilisés et trois du côté de l’armée.

« La colère est montée [parmi les ex-rebelles] parce qu’on [leur] a coupé la nourriture, le processus d’intégration traîne et leur avenir est devenu incertain », selon Emmanuel Cole. Du côté du gouvernement, on dément fermement qu’il y ait eu plus d’un mort : un officier des Forces armées de la RDC (FARDC) « tué à coup de machette ».

Les démobilisés responsables de ce « désordre », et « qui ne sont pas tous du M23 », ont « terminé leur formation » professionnelle et « ont voulu faire pression pour rentrer vers leur province d’origine », assure de son côté le porte-parole du gouvernement, annonçant qu’une « première rotation aérienne » ramenant chez eux des démobilisés de Kamina devrait avoir lieu dans quelques jours.
Fin 2013, le gouvernement de Kinshasa avait lancé un troisième programme DDR, auquel participent actuellement quelques milliers d’anciens combattants rebelles sur les quelque 12 000 qui étaient visés.