Les finances de notre système de retraites devraient s’améliorer un tout petit peu plus vite que prévu. C’est l’un des enseignements du troisième rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR), rendu public jeudi 16 juin.

« A l’horizon 2020 », l’ensemble des régimes (salariés, fonctionnaires, travailleurs indépendants, etc.), qui sont dans le rouge depuis 2008, afficheraient un déficit équivalent à 0,2 % du produit intérieur brut (PIB) – soit un peu plus de 4,5 milliards d’euros. Dans ses précédentes prévisions exposées l’an passé, le COR tablait sur un pourcentage deux fois plus élevé (0,4 %) pour 2019. Cette relative embellie s’explique, en très grande partie, par l’accord d’octobre 2015 pour redresser les comptes des retraites complémentaires Agirc-Arrco, a expliqué, jeudi, le président du COR, Pierre-Louis Bras, lors d’une conférence de presse.

Après 2020, les projections du COR divergent fortement suivant les hypothèses retenues. Ainsi, le système pourrait de nouveau dégager des excédents « dès le milieu des années 2020 » si les revenus d’activités s’élèvent d’au moins 1,5 % par an (et avec un taux de chômage de 7 %, contre près de 10 %, aujourd’hui, en métropole). En revanche, si les revenus d’activité progressaient à un rythme inférieur à 1,5 % par an, les régimes de retraites présenteraient un solde négatif persistant, avec des « besoins de financement » égaux à 1,4 % du PIB en 2060 (dans le cas où les revenus augmentent de 1 % l’an).

Retraite à 61,4 ans en moyenne

Ces projections ne prennent pas en considération le compte personnel de prévention de la pénibilité (CPPP), dont la mise en place depuis 2015 pourrait avoir un impact financier important – notamment en permettant à un plus grand nombre de personnes de cesser leur vie professionnelle de façon anticipée. L’institut d’études économiques COE-Rexecode, proche du patronat, estime ce coût à environ 600 millions d’euros en 2020 et à 6,3 milliards, en 2060. Cependant, il est prévu « une cotisation spécifique qui viendra compenser les dépenses induites par le dispositif », a rappelé, jeudi, M. Bras. Ce surcroît de ressources ne devrait donc pas dégrader le solde du système de retraites.

Si l’on se retourne vers le passé récent, l’examen des données montre que la dégradation des comptes sur 2005-2010 « concerne notamment les régimes de salariés du secteur privé, aussi bien de base (…) que complémentaires », ainsi que le Fonds de solidarité vieillesse (FSV) – chargé de financer, entre autres, le minimum vieillesse. La situation est meilleure « pour les régimes de fonctionnaires, quasiment à l’équilibre sur toute la période d’observation, et pour les régimes de non-salariés (…), dont le solde est soit nul, soit en léger excédent ». Au total, le besoin de financement, si l’on raisonne sur l’ensemble des dispositifs, représentait 0,3 % du PIB en 2015, après avoir culminé à 0,7 % cinq ans plus tôt.

S’agissant du comportement des personnes, des changements se dessinent, sous l’effet des réformes votées depuis plusieurs années (notamment celle de 2010 qui relève l’âge légal de départ à la retraite et celle de 2014, qui augmente la durée d’affiliation pour pouvoir bénéficier d’une pension à taux plein). A l’heure actuelle, les travailleurs font valoir leurs droits à la retraite, en moyenne, à 61,4 ans ; à la fin des années 2030, ils devraient attendre un peu plus longtemps pour stopper leur carrière (64 ans, toujours en moyenne).

Baisse du niveau de vie

Quel que soit le scénario retenu, « la pension moyenne continuerait de croître » plus vite que l’inflation mais moins rapidement que le revenu d’activité. Si l’on raisonne en termes de niveau de vie (c’est-à-dire en ajoutant aux pensions d’autres ressources, telles que les revenus du patrimoine, et en défalquant les impôts), celui des retraités devrait redevenir inférieur à « celui de l’ensemble de la population », de 6 % à 26 % (suivant les hypothèses envisagées) en 2060 – alors qu’il lui était légèrement supérieur en 2013, et cela, depuis plusieurs années.

Enfin, le montant de la première pension perçue, comparé à celui du dernier salaire touché (ou « taux de remplacement »), devrait continuer à baisser : pour le cas-type d’un non-cadre du privé, il passerait d’un peu plus de 75 % pour la génération née en 1940 à un ratio compris entre 52 % et près de 68 % pour la génération née en 1990, suivant les scénarios retenus. Un phénomène très largement lié à l’indexation des pensions sur l’inflation, depuis une réforme datant des années 1990 (avant, elles variaient suivant les salaires).