Le dépôt pétrolier de Douchy-Les-Mines,le 24 mai 2016. | FRANCOIS LO PRESTI / AFP

Manifestations et mouvements de grève sont prévus dans les prochaines semaines contre le projet de loi de la ministre du travail, Myriam El Khomri, portant sur une réforme du code du travail.

Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a appelé mardi 24 mai « à une généralisation de la grève partout, dans tous les secteurs ». « Il y a beaucoup de mouvements de grève », dans « des tas d’entreprises », assure-t-il.

Depuis deux mois, M. Martinez a rompu tout contact avec le gouvernement, à la différence de son homologue de FO. Il juge que sa seule chance, même si elle est mince, d’obtenir un retrait de la « loi travail » ne viendra pas de journées d’action à répétition — malgré un léger regain de participation le 19 mai —mais de blocages ciblés de l’activité économique.

Sans appeler à la grève générale, le secrétaire général de la CGT prône des grèves reconductibles, en espérant qu’elles gagneront peu à peu des entreprises du secteur privé qui, pour l’heure, sont largement à l’écart.

  • Journée nationale de grève

La CGT, FO, Solidaires, la FSU, l’UNEF, la FIDL et l’UNL ont appelé à manifester jeudi 26 mai contre le projet de loi.

Une autre journée de grève et de manifestation est d’ores et déjà prévue le 14 juin, avec un rassemblement unique à Paris.

Alors que le mouvement semblait s’essouffler depuis le 31 mars (entre 390 000 et 1,2 million de manifestants, selon les sources), il a repris de l’ampleur le 19 mai, avec 128 000 à 400 000 opposants dans la rue.

  • SNCF

La CGT-Cheminots et SUD-Rail appellent, pour la cinquième fois, à débrayer mercredi 25 et jeudi 26 mai contre le projet de loi et pour peser sur les négociations en cours sur les conditions de travail à la SNCF et dans la branche.

La SNCF prévoit mercredi et jeudi un trafic « perturbé » avec trois TGV sur quatre, quatre RER sur cinq, deux TER sur trois et six Intercités sur dix.

La CGT (premier syndicat) a durci mardi son préavis, qui sera reconductible par période de vingt-quatre heures à compter du 31 mai au soir. L’UNSA (deuxième force) et la CFDT (quatrième) ont déjà lancé des préavis illimités à partir du 31 mai, et SUD-Rail (troisième) couvre les cheminots depuis une semaine par un préavis reconductible jusqu’au 11 juillet.

  • Aviation civile

Conformément aux recommandations de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), 15 % des vols devraient être annulés jeudi à l’aéroport d’Orly.

Des perturbations sont également attendues sur l’ensemble du territoire en raison de l’appel à la grève interprofessionnelle, relayé au sein de la DGAC par l’USAC-CGT, premier syndicat tous corps confondus (contrôleurs aériens, personnels administratifs, ingénieurs, techniciens, etc.).

Du 3 au 5 juin, l’ensemble des syndicats de la DGAC appelle à la grève, mais cette fois pour des revendications purement internes.

  • EDF

La CGT de l’énergie a décidé mardi de lancer un appel général à compliquer la production dans l’ensemble des centrales nucléaires jeudi.

Rejointe dans certaines unités par Force ouvrière, la CGT a prévu des blocages de site, des barrages pour filtrer l’accès du personnel, mais aussi des baisses de production électrique. Elle pourrait aller jusqu’à l’arrêt complet de certaines centrales. La direction d’EDF se prépare à faire face à ces perturbations, même si elle ne peut pas, pour l’heure, en prédire l’ampleur.

A la centrale de Nogent-sur-Seine (Aube), le personnel réuni en assemblée générale a voté dès mardi après-midi le principe d’une action forte à partir de mercredi soir 22 heures.

  • Raffineries

Les huit raffineries que compte la France sont à l’arrêt ou tournent au ralenti, selon la CGT.

Parmi les cinq raffineries de Total, Feyzin, dans le Rhône, et Gonfreville-L’Orcher, en Seine-Maritime, sont à l’arrêt. Grandpuits (Seine-et-Marne) est en cours d’arrêt total, « quelques unités » ne fonctionnent plus à Donges (Loire-Atlantique), et La Mède (Bouches-du-Rhône) fonctionne « en débit réduit », selon un communiqué du groupe pétrolier.

Selon Maxime Picard, secrétaire départemental de la CGT, le taux de grévistes serait de 70 à 80 % dans les raffineries Esso à Fos-sur-Mer, Total de La Mède et de Petroineos à Lavéra, près de Martigues (Bouches-du-Rhône), où la production serait très réduite et où aucun produit ne sortirait de l’établissement. Esso n’a pas confirmé l’information.

De son côté, la porte-parole d’Exxon Mobil France, Catherine Brun, a confirmé à l’agence de presse Reuters que « quelques personnes » avaient rejoint le mouvement à Fos-sur-Mer et à Notre-Dame-de-Gravenchon. A Fos-sur-Mer, où les voies d’accès ont été endommagées, « les chargements sont bloqués, mais on ne peut pas dire que la raffinerie est arrêtée », tandis qu’à Gravenchon, « ça n’impacte pas le fonctionnement du site », a-t-elle ajouté.

Deux dépôts pétroliers de Total sont bloqués : celui de la Côte d’Opale (DPCO) et celui de Valenciennes.

  • Ports et docks

La fédération CGT des ports et docks, qui avait déjà appelé à la grève pour jeudi, a décidé mardi de prolonger son mouvement de vingt-quatre heures, jusqu’à vendredi 27 mai, « en réponse à la répression » lors du déblocage des accès au dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Les modalités d’action pour les jours suivants et jusqu’au 14 juin, « et après si besoin », seront définies ultérieurement, précise-t-elle. La CGT avait auparavant appelé ses syndicats portuaires à s’associer aux « initiatives territoriales ».

Au grand port maritime de Marseille, les employés de Fluxel ne déchargent plus aucun bateau depuis lundi, visant à tarir l’approvisionnement des raffineries, des dépôts et des pipelines en brut ou en produits raffinés. lls ont reconduit mardi matin leur mouvement jusqu’à vendredi. Toutes les autres activités portuaires — conteneurs, passagers, vracs solides (céréales, charbon...), réparation navale — fonctionnent.

Le personnel des terminaux pétroliers du Havre, qui assure 40 % des importations françaises, a également voté la grève à partir de mardi en fin d’après-midi.

  • Transports

La CGT, premier syndicat à la Régie parisienne des transports (RATP), appelle à la grève illimitée à partir du 2 juin pour demander la réouverture des négociations salariales annuelles et le retrait du projet de loi travail.

  • Construction

La CGT organise jeudi une « journée morte » dans la branche construction, bois et ameublement, avec des « blocages de grands chantiers » et « l’interpellation de politiques » sur l’emploi, les salaires et la retraite. Prévue de longue date, l’opération est rattachée également au mouvement contre la loi travail.

  • Amazon

Les salariés des entrepôts sont appelés à la grève mercredi par la CGT, sur des revendications salariales, mais aussi contre la loi travail.

  • Routiers

Le mouvement lancé par la CGT et FO semble à l’arrêt depuis les assurances apportées par le gouvernement sur le calcul des heures supplémentaires pour les routiers. FO, qui avait suspendu vendredi les actions de blocage, décidera en fin de semaine d’une éventuelle reprise de la grève au moment de l’Euro de football (10 juin-10 juillet).