Film sur OCS City à 18 h 40

Tel pere tel fils - Bande annonce VOST
Durée : 01:58

L’histoire d’un échange de nouveau-nés donne lieu à un film subtil, signé Hirokazu Kore-Eda, sur les relations parents-enfants.

Prix du jury à Cannes en 2013, Tel père, tel fils, du metteur en scène japonais Hirokazu Kore-Eda, doit se voir comme une attachante et subtile exploration des liens unissant un père et son fils. En se demandant à partir de quel moment on devient réellement le père de son enfant, le réalisateur décrit, avec intelligence et sensibilité, l’état de la famille, aussi bien dans la société japonaise de l’après-Fukushima que d’un point de vue plus universel… D’où l’incroyable intérêt que suscite ce film chez les spectateurs de 7 à 77 ans.

« Je voulais réfléchir à ce qui unit un père et son enfant. C’est en voyant ma petite fille de 6 ans grandir que je me suis demandé ce qui me liait à elle : le temps ou le sang ? Que pense-t-elle de moi comme père ? Qu’est-ce qui fait qu’elle est ma fille ? Les faits divers sur les échanges d’enfants ont été un prétexte pour raconter l’histoire », expliquait Hirokazu Kore-Eda lors de la sortie de son film en France.

Riri Furanki et Keita Ninomiya dans une scène de « Tel père, tel fils » (prix du jury au Festival de Cannes 2013). | OCS

L’intrigue en est simple. Elle s’appuie sur une des angoisses récurrentes des parents lors de la naissance d’un bébé : l’échange à la maternité. En 1988, avec La vie est un long fleuve tranquille, Etienne Chatiliez en avait tiré une comédie insolente. Le propos de Kore-Eda se veut plus grave : dans le Tokyo d’aujourd’hui, deux ­familles apprennent que leurs fils, Keita et Ryusei, ont été échangés six ans auparavant. Que faire ? Faut-il rétablir les liens du sang et les échanger à nouveau ?

Réalités de la vie adulte

Les Nonomiya, parmi lesquels le père, Ryota, est un architecte ambitieux, obsédé par son travail, privilégient une ambiance très protégée, avec une éducation stricte où la compétition paraît être le maître mot. En revanche, les Saiki, plus modestes, où le père, Yudai, est heureux de son emploi de quincaillier, vivent d’une façon plus décontractée, prenant le temps de le perdre avec leurs ­enfants… Peu à peu, à travers des scènes d’une extraordinaire banalité (une photographie prise sur une balançoire, une façon de boire à la paille, une séance de pêche à la ligne sur un balcon, etc.), apparaît une profonde réalité. Ce qui compte, ce n’est pas tant la filiation biologique que la vie passée ensemble à tenter de construire un avenir le plus lumineux possible. Ryota, architecte doué mais imbuvable qu’irritait Keita, son « fils » lunaire et poétique, le comprend progressivement en découvrant par hasard l’admiration et l’amour que le bout de chou lui porte.

Lire la critique d’« Après la tempête » : Kore-Eda assèche son cinéma sous un typhon

Le précédent film de Kore-Eda, I Wish (2011), résonnait comme une petite fugue ensorcelante sur le passage des illusions enfantines aux réalités de la vie. Tel père, tel fils, qu’il est recommandé de regarder avec ses propres rejetons, repose en quelque sorte sur le mouvement inverse : les tristes réalités de la vie adulte se fracassant – heureusement – sur la simple tendresse d’un enfant. A cet égard, la scène où un petit garçon demande simplement à un adulte pourquoi il doit l’appeler papa est plus que bouleversante.

Tel père, tel fils (Soshite chichi ni naru, titre original), d’Hirokazu Kore-Eda. Avec Masaharu Fukuyama, Machiko Ono, Yôko Maki, Rirî Furankî (Japon, 2013, 115 min). Le vendredi 17 juin à 18 h 40 sur OCS City. Rediffusion le mercredi 22 juin à 15 h 15.

Affiche américaine de « Tel père, tel fils », d’Hirokazu Kore-Eda. | DR