« Quand je serai élu, je suspendrai l’immigration en provenance de régions du monde ayant un passé avéré de terrorisme contre les Etats-Unis », a déclaré M. Trump après la tuerie de San Bernadino. | NANCY WIECHEC / REUTERS

Donald Trump a estimé, dimanche 19 juin, que les Etats-Unis devraient davantage recourir aux contrôles au faciès pour les musulmans, à l’image de ce qui se fait dans d’autres pays. Il a appelé les autorités à durcir leur politique répressive après la tuerie d’Orlando. Avant même ces propos, le candidat républicain, dont les déclarations fracassantes lui ont permis d’augmenter sa popularité aux Etats-Unis, avait multiplié les propositions clivantes à l’égard des musulmans. N’hésitant pas à faire le lien entre ceux-ci et le terrorisme, et provoquant des réactions hostiles.

Il en a fait une sorte de fonds de commerce, affirmant, notamment après les attentats de Bruxelles, le 22 mars, que les musulmans « ne s’intègrent pas dans d’autres pays ». Le magnat de l’immobilier pense aussi que « l’islam hait » l’Amérique, n’hésitant pas, comme en novembre 2015, à affirmer qu’il avait vu des images de musulmans célébrant aux Etats-Unis les attentats du 11-Septembre – une légende urbaine souvent démentie.

  • L’invitation à recourir au profilage

Une semaine après la tuerie d’Orlando commise par un Américain né de parents afghans qui s’est réclamé de l’organisation Etat islamique, M. Trump, lors de l’émission « Face The Nation », sur CBS, dimanche 19 juin, a estimé que les Etats-Unis devraient « commencer à réfléchir » à des mesures de profilage des musulmans afin de lutter contre les attaques d’inspiration djihadiste.

« Vous savez, je déteste le concept du profilage. Mais nous devons commencer à utiliser le bon sens et à nous servir de notre cerveau. Des pays y ont recours, comme Israël et d’autres, et cela marche en ce qui les concerne. Ce n’est pas la pire des choses à faire. »
  • Les appels à la construction d’un mur, à la fermeture des frontières ou à la création d’un fichier

Dès son entrée en campagne, Donald Trump a fait de l’immigration l’un de ses thèmes favoris. Il a notamment proposé de construire un « mur géant » le long de la frontière avec le Mexique pour empêcher l’immigration clandestine, d’expulser quelque onze millions d’étrangers sans-papiers du territoire ou de ne plus appliquer le droit du sol aux enfants nés aux Etats-Unis de parents étrangers en situation irrégulière.

Quelques jours après les attentats de Paris de novembre, il a évoqué la fermeture des frontières aux réfugiés syriens car, disait-il, « quand [ils] commenceront à arriver en masse dans notre pays, on ne saura pas s’ils font partie de l’Etat islamique, on ne saura pas s’ils sont un cheval de Troie ».

Dans la foulée, il a proposé de ficher tous les musulmans vivant aux Etats-Unis – une mesure comparée par ses adversaires aux fichiers de juifs établis par les nazis. Interrogé sur la façon spécifique dont les musulmans devraient se faire enregistrer, il avait répondu de manière vague : « Dans différents endroits. On s’inscrit dans différents endroits. Mais c’est une question de gestion, notre pays n’a pas de gestion. »

Après la tuerie de San Bernardino, en Californie, commise le 2 décembre par un couple de musulmans radicalisés, M. Trump a annoncé que, s’il était élu, il fermerait provisoirement les frontières des Etats-unis à tous les musulmans.

« Quand je serai élu, je suspendrai l’immigration en provenance de régions du monde ayant un passé avéré de terrorisme contre les Etats-Unis, l’Europe ou nos alliés, jusqu’à ce que l’on comprenne pleinement comment mettre fin à ces menaces. »

Il avait justifié cette mesure « temporaire » en la comparant à celle prise par Franklin Roosevelt qui avait visé Japonais et Allemands pendant la seconde guerre mondiale.

  • La demande d’une surveillance des mosquées

Le 15 juin, M. Trump a lancé, lors d’un rassemblement électoral à Atlanta, que si le tireur d’Orlando est né aux Etats-Unis, « ce n’est pas le cas de ses parents et ses idées ne sont pas non plus nées ici ». « Nous devons peut-être surveiller respectueusement les mosquées et le faire avec d’autres lieux parce que ce problème va dévorer notre pays si nous ne le réglons pas ». Il avait déjà fait une proposition similaire, en novembre, après les attentats de Paris.

« Nous devons peut-être surveiller respectueusement les mosquées et le faire avec d’autres lieux parce que ce problème va dévorer notre pays si nous ne le réglons pas », a déclaré Donald Trump après l’attentat d’Orlando. | KENA BETANCUR / AFP

  • L’accusation de complicité de la communauté musulmane

« Nous avons besoin de centres de renseignement car les gens dans les communautés où ces gens habitent, ils savent qu’il y a quelque chose de bizarre, a déclaré le 13 juin M. Trump dans une interview téléphonique sur CNN. Mais ils n’appellent pas la police, ils ne dénoncent pas au FBI […] Les musulmans doivent dénoncer ces gens-là. »

Le 23 mars, au lendemain des attentats de Bruxelles, il avait accusé, sur la chaîne britannique ITV, les musulmans de ne pas s’impliquer suffisamment dans la prévention des attentats.
« Quand ils voient qu’il y a un problème, ils doivent le signaler. Mais ils ne le signalent pas du tout, et c’est un gros problème. […] C’est vraiment comme s’ils se protégeaient les uns les autres. »

  • Les accusations à l’encontre de M. Obama

Après l’attentat d’Orlando, dans une série d’interviews, sur Fox & Friends et NBC, le milliardaire a critiqué le président Obama pour son refus de parler d’« islam radical » afin de ne pas stigmatiser la religion musulmane. En septembre, lors d’un meeting à Rochester, dans le New Hampshire, un homme avait affirmé que Barack Obama était musulman, sans que le candidat ne le corrige.

M. Trump a longtemps mené le camp des « birthers » aux Etats-Unis, ceux qui croient que Barack Obama, né à Hawaï d’un père kényan et d’une mère américaine, est né à l’étranger et de fait inéligible à la présidence américaine.

En 2011, il avait poussé M. Obama à rendre public son certificat de naissance et à tenir une conférence de presse pour tenter de mettre fin aux rumeurs. En juillet 2011, il avait interpellé Barack Obama sur Twitter, l’accusant d’avoir abandonné Israël au profit des Frères musulmans.

  • L’« exception » Sadiq Kahn

M. Trump a salué l’élection de Sadiq Khan, musulman d’origine pakistanaise, à la mairie de Londres. « C’est une très bonne chose, et j’espère qu’il fera du très bon boulot, parce que franchement ce serait très très bien », a-t-il déclaré dans l’entretien au New York Times. Il a ajouté qu’il ferait exception pour ce dernier à sa proposition d’interdire le territoire américain aux adeptes de l’islam.