La reconnaissance comme génocide, par le Parlement allemand, du massacre des Arméniens sous l’Empire ottoman en 1915 endommage visiblement les relations entre Berlin et Ankara. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré, lors d’un discours à la télévision, samedi 4 juin, que les accusations de génocide arménien constituaient un « chantage » et que son pays ne les « accepterait jamais » :

« Le sujet dans ce cas ce ne sont pas les Arméniens (…). La question arménienne est utilisée partout dans le monde comme un moyen pratique de chantage contre la Turquie. »

« Ils risquent de perdre un ami »

« La décision prise par le Parlement allemand n’a absolument aucune valeur », avait déclaré, plus tôt dans la journée, M. Erdogan aux journalistes turcs, alors qu’il est en visite en Afrique. « Notre position sur 1915 est bien connue (…) et cette sorte de décision ne va rien changer à notre position. Mais ils n’ont pas pris en compte le fait qu’ils risquent de perdre un ami comme la Turquie », a-t-il déclaré, ajoutant se demander comment les responsables allemands allaient désormais « pouvoir me regarder en face ».

Il a toutefois souligné que cette dispute était uniquement entre Ankara et Berlin et ne devait pas affecter les relations entre la Turquie et l’Union européenne. Il a également reconnu que la Turquie – qui a rappelé son ambassadeur en Allemagne, comme elle l’a fait à chaque vote de ce type dans différents pays – ne devait pas « agir à la hâte ».

Il s’est dit déçu par la conduite de la chancelière Angela Merkel, qui n’a pas pris part au débat. « J’aurais aimé qu’elle participe et qu’elle vote », a-t-il lancé.

Les Arméniens estiment qu’un million et demi des leurs ont été tués de manière systématique à la fin de l’Empire ottoman. Nombre d’historiens et plus de vingt pays, dont la France, l’Italie et la Russie, ont reconnu qu’il y avait eu un génocide. La Turquie affirme pour sa part qu’il s’agissait d’une guerre civile, doublée d’une famine, dans laquelle 300 000 à 500 000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la mort.