« Un camion de 38 tonnes rempli d’aide a réussi à passer mais la plupart des 250 voitures individuelles l’accompagnant ont été refoulées », a expliqué l’un des organisateurs du convoi. | Matt Dunham / AP

Un convoi britannique, en route pour le nord de la France afin d’y distribuer de l’aide aux migrants mais interdit cette semaine par les autorités françaises, a été refoulé samedi 18 juin au poste frontière français dans le port de Douvres (sud-est de l’Angleterre).

« Un camion de 38 tonnes rempli d’aide a réussi à passer mais la plupart des 250 voitures individuelles l’accompagnant ont été refoulées. C’est la France qui nous empêche de passer », a expliqué un des organisateurs du convoi, John Rees. « On va rebrousser chemin pour aller protester devant l’ambassade de France » à Londres, a-t-il ajouté, alors que le convoi s’était mis en route pour Calais (nord de la France) en début de matinée près du Parlement de Westminster.

La police du Kent, comté où se trouve Douvres, a déclaré avoir reçu la notification de la décision des autorités françaises de ne pas laisser entrer le convoi sur le territoire français et qu’elle n’était « pas en mesure de s’y opposer ».

Plusieurs centaines de personnes, interdites de passage, protestaient de cette décision devant l’entrée du port de Douvres. « Les réfugiés sont les bienvenus ici » ou « solidarité avec les réfugiés », pouvait-on lire sur plusieurs drapeaux de manifestants, selon des photos de manifestants diffusées sur Twitter.

« Tout sera fait côté britannique pour empêcher le convoi de passer », avaient fait savoir en début d’après-midi les autorités du Pas-de-Calais (nord de la France), précisant travailler « en totale coopération » avec les autorités britanniques.

Craintes de « troubles graves à l’ordre public »

La préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio, avait pris mercredi, au nom de « l’ordre public », un arrêté interdisant la circulation du convoi vers Calais où se trouve le plus grand bidonville de France dans lequel s’entassent entre 4 000 et 5 000 migrants. Un arrêté similaire a également été pris vendredi par la préfecture du Nord, département voisin qui abrite un autre camp, celui de Grande-Synthe où vivent un peu moins de 800 réfugiés, principalement des Kurdes.

Les autorités françaises ont expliqué l’interdiction de ce convoi par la « très forte mobilisation des forces de sécurité » pour la lutte antiterroriste et pour le maintien de l’ordre en liaison avec le match France-Suisse pour l’Euro 2016, dimanche à Lille (Nord). De ce fait, « les forces de l’ordre ne pourront être mobilisées en nombre suffisant » à Calais, estiment-elles, craignant des « troubles graves à l’ordre public ».

En octobre 2015, une manifestation similaire avait débouché sur « l’intrusion d’un cortège de 650 personnes » dans la zone d’embarquement du port de Calais, a également fait valoir la préfète Fabienne Buccio.