Hep, c’est par où la sortie ? Au moment même où la situation économique semble s’améliorer, le gouvernement se retrouve piégé dans les sables mouvants des conflits sociaux et du désastre de sa filière nucléaire. Chaque mouvement semble l’enfoncer davantage. La porte de secours semble bien difficile à atteindre. Comme si la guerre contre la CGT à propos de la « loi travail » ne suffisait pas, un petit électricien finlandais est venu, jeudi 26 mai, se rappeler au bon souvenir des pouvoirs publics. La société TVO, qui négocie depuis six mois la fin de son contentieux avec Areva, a indiqué que les discussions étaient « rompues ».

Elle n’a fait que confirmer ce que le groupe nucléaire français avait reconnu depuis plusieurs jours : aucun accord n’a pu être dégagé pour sortir de dix ans d’affrontements sur le chantier du réacteur EPR d’Olkiluoto, en Finlande, dont les coûts et les délais ont été multipliés par trois depuis l’origine. Dommage, alors que le bout du tunnel est en vue, avec une mise en service dans deux ans. Un accord financier s’était dégagé, mais les discussions ont achoppé sur la responsabilité des éventuels retards supplémentaires d’ici au branchement des réacteurs au réseau.

Perte d’influence

Ce sparadrap, qui colle aux doigts du français et empoisonne son existence depuis si longtemps, est désormais sur les mains du ministre de l’économie, Emmanuel Macron. Auditionné jeudi, au Sénat, il a reconnu que le dossier Areva et l’avenir de la filière nucléaire étaient le « défi principal de l’Etat actionnaire ».

En effet, outre l’aspect politico-industriel de la perte d’influence et d’image d’une compétence française unique, la facture promet d’être salée. Entre la recapitalisation prévue d’Areva et celle d’EDF, c’est entre 6 et 7 milliards d’euros que l’Etat devra sortir de sa poche pour sauver ce qui peut l’être encore. Non seulement en Finlande, mais aussi en France (Flamanville) et au Royaume-Uni (Hinkley Point).

Impasse

Trois dossiers qui ont un point commun : la difficulté à gérer la mise au point de la technologie EPR supposée représenter la nouvelle génération de réacteurs nucléaires plus puissants, plus sûrs… et plus chers.

Comment sortir de l’impasse ? Le petit électricien finlandais, qui ne gère que deux réacteurs nucléaires dans son pays, n’a pas les reins assez solides pour supporter les risques d’un chantier aussi complexe. L’agence Standard & Poor’s vient tout juste de dégrader sa dette. Il a besoin de l’expertise d’EDF, qui, déjà empêtrée dans ses propres soucis d’EPR, ne veut pas qu’on lui refile le sparadrap finlandais. TVO craint la solution montée par la France d’une structure de défaisance qui logerait les actifs « à risques » d’Areva, comme Olkiluoto. Seul espoir, que les combattants soient suffisamment fatigués pour revenir à la raison et s’entendre sur un compromis. Comme en matière de crise sociale. Il n’est d’ailleurs pas impossible que cette énième crise en soit paradoxalement le signe précurseur.