Vent de nervosité sur les marchés. Le CAC 40 perdait plus de 1 %, lundi 13 juin au matin, à moins de 4 300 points, après avoir décroché de 2,24 % durant la séance du vendredi 10 juin. Une baisse dans le sillage des marchés asiatiques, qui ont tous terminé la séance de lundi en net repli. Au Japon, le Nikkei a dégringolé de 3,5 % et l’indice de la Bourse de Shanghaï a perdu 3,2 %.

Les investisseurs sont gagnés par l’angoisse, alors que l’échéance de la décision britannique sur la sortie ou non du pays de l’Union européenne (« Brexit ») se rapproche : le vote doit avoir lieu le 23 juin. Les valeurs bancaires sont particulièrement sous pression : elles seraient les premières victimes supposées d’un « Brexit », en raison des avoirs que certaines d’entre elles détiennent outre-Manche.

L’effet « valeur refuge » joue à plein

Les banques sont par ailleurs ­pénalisées par un environnement de taux historiquement bas. Les investisseurs délaissent les marchés actions pour des actifs réputés moins risqués, comme les emprunts d’Etat. Ces derniers sont particulièrement recherchés : après avoir frôlé les 0 % la semaine dernière, le rendement des taux allemands à dix ans pourrait tomber en territoire négatif cette semaine. L’effet « valeur refuge » joue à plein, les investisseurs se ruant sur les titres souverains de l’Allemagne, de la Suisse et même de la France.

Le mouvement de fuite hors des marchés actions est d’autant plus net que les investisseurs n’attendent plus d’annonce majeure de la Réserve fédérale américaine (Fed), dont le comité de politique monétaire se réunit les 14 et 15 juin. Face aux mauvais chiffres de l’emploi – les entreprises américaines n’en ont créé que 38 000 en mai contre 123 000 le mois précédent, soit le plus bas niveau d’embauche en six ans – et là encore à la menace de « Brexit », la banque centrale américaine devrait une nouvelle fois reporter la hausse de ses taux directeurs, afin de ne pas rajouter de trouble sur les marchés.

L’ennemi  : l’incertitude

L’incertitude est en effet l’ennemi numéro un des investisseurs. Et à dix jours de l’échéance britannique, force est de constater qu’ils sont plus perdus que jamais… « Notre hypothèse de base était d’imaginer que la peur de l’inconnu finirait par faire basculer la balance en faveur du “Bremain” [cas où le Royaume-Uni déciderait de rester dans l’UE]. Mais nous nous demandons maintenant si les injonctions des institutions internationales et de la très vaste majorité des capitales étrangères, toutes opposées au Brexit, ne produisent pas des résultats contre-productifs, dans la mesure où les électeurs pourraient s’énerver qu’on leur explique comment voter », avertissent les analystes d’Aurel BGC dans une note, lundi matin.

Ces tensions interviennent dans un contexte où les investisseurs sont toujours inquiets à propos de la croissance mondiale, notamment suite à la publication d’indicateurs américains et asiatiques plutôt mauvais ces derniers jours. Lundi 13 juin au matin, le gouvernement chinois a ainsi publié des chiffres indiquant que les investissements du secteur privé ont progressé de 3,9 % seulement entre janvier et mai. Un signal inquiétant : en 2015, sur la même période, cet indicateur enregistrait une croissance à deux chiffres.