L’Espagnol Alvaro Morata. | LOIC VENANCE / AFP

« Ce n’est pas le chemin que l’on espérait. Mais ce n’est pas grave, c’est le football. » Ainsi parlait Vicente Del Bosque, mardi 21 juin, juste après la défaite surprise de l’Espagne contre la Croatie (2-1). La bonhomie faite sélectionneur, le technicien avait pourtant de quoi se lamenter : en terminant deuxième du groupe D, ses ouailles se voyaient offrir un huitième de finale contre l’Italie, lundi 27 juin, au Stade de France. C’est-à-dire une reprise de la finale qu’ils avaient gagnée en 2012 (4-0), à Kiev.

On imagine que le sang de son homologue italien Antonio Conte n’a au contraire fait qu’un tour. En récompense d’une phase de poule réussie (6 points, première du groupe E), d’une victoire remarquable contre la Belgique (2-0), sa Squadra Azzurra hérite des doubles champions d’Europe en titre.

« Le talent contre le Catenaccio », a d’emblée annoncé, sans fausse modestie, le quotidien espagnol El Mundo, pendant que le journal italien Corriere della Sera rappelait de son côté que « les sagas ont une fin », même celle de la domination ibérique. Sur les réseaux sociaux, le match est vite devenu le « derby de la Méditerranée ».

Mais cet Italie-Espagne pourrait aussi être celui de l’Euro : le choc entre les deux nations sera le quatrième lors des trois dernières éditions du tournoi continental. Et si la Nazionale avait tenu tête à la Roja lors du premier tour en 2012 (1-1), c’était après une élimination en quarts de finale quatre ans plus tôt (0-0, 4-2 aux tirs au but), et avant la correction reçue en finale de l’Euro 2012.

Discipline tactique

L’Espagne était alors injouable. Trop forte techniquement, beaucoup trop résistante physiquement, à l’image d’un Jordi Alba inarrêtable dans son couloir gauche, buteur lors du sacre des siens sous le ciel ukrainien. « J’aimerais bien que cela se passe comme lors de cette finale, mais il est clair que ce ne sera pas le cas »,a prévenu le latéral du FC Barcelone, qui cache un peu son jeu.

Certes, la Roja a été éliminée dès le premier tour du Mondial 2014, perdant son titre. Certes, lors de cet Euro, elle a fini deuxième de son groupe, derrière les Croates. Mais il lui a fallu manquer un penalty et oublier d’enfoncer le clou lors d’une première demi-heure complètement maîtrisée. Et l’émergence d’un nouveau buteur en la personne d’Alvaro Morata, trois réalisations en autant de matchs, ne laisse aucun doute sur la compétitivité retrouvée des Espagnols.

L’ailier Nolito ne dit pas vraiment autre chose. « Nous avons un match très difficile, mais l’Espagne reste l’Espagne », a lancé le joueur andalou, en conférence de presse, depuis son camp de base à Saint-Martin-de-Ré. « Ils [les Italiens] jouent bien, ils ont une bonne équipe et nous respectons tous les adversaires. Mais nous ne devons avoir peur d’aucune sélection. » On le croit sur parole, même si Jordi Alba note tout de même que, cette fois, l’Espagne va « affronter une sélection qui sait à quoi elle joue ».

Italian goalkeeper Gianliugi Buffon reacts during the friendly football match between Germany and Italy in the stadium in Munich, southern Germany, on March 29, 2016. / AFP PHOTO / CHRISTOF STACHE | CHRISTOF STACHE / AFP

C’est-à-dire « à la Conte ». La victoire contre les Diables rouges belges a fait sortir la Squadra du bois. Annoncée sur le déclin, privée de ses rares talents (Marco Verratti ou Claudio Marchisio notamment), l’Italie s’est repliée sur ses fondamentaux : une défense de fer, une discipline tactique au diapason et une efficacité à toute épreuve. « Notre fuoriclasse [joueur hors pair], ce doit être le jeu collectif », disait le sélectionneur transalpin avant l’Euro.

Dimanche 26 juin, son gardien Gianluigi Buffon rappelait que, du haut de ses 38 ans, il n’était pas du genre à nourrir des complexes : « Pendant quatre ans [entre 2008 et 2012], l’Espagne a gagné, gagné et gagné dans toutes les compétitions. L’Italie est probablement la seule à avoir fait souffrir cette équipe espagnole, j’en suis convaincu. »

Lundi 20 juin, avant même d’en savoir plus sur le tableau final, le défenseur espagnol Gerard Piqué donnait ses favoris pour le titre : l’Allemagne, championne du monde, la France, pays hôte, mais aussi un troisième larron, moins attendu, la Squadra Azzurra. Pour une bonne raison : « L’Italie est très “italienne”, et cela me préoccupe. » Ce qui n’est pas le cas de son sélectionneur, débonnaire jusque dans le cliché. « Chacun est favori à parts égales », a ainsi lancé Vicente Del Bosque, faisant mine de ne pas assumer la part légèrement plus égale de pression que va porter sa Roja.

>> Pendant l’Euro, participez à notre tournoi virtuel