La justice sud-africaine a maintenu, vendredi 24 juin, sa décision d’autoriser des poursuites contre le président, Jacob Zuma, pour « corruption » dans une affaire de contrat d’armement. La Cour a refusé au parquet et au chef de l’Etat la possibilité de faire appel. « La demande est rejetée. Nous avons réétudié notre jugement et nous avons conclu que l’appel n’avait pas de chance raisonnable d’aboutir », a annoncé le juge Aubrey Ledwaba.

C’est une nouvelle étape dans le bras de fer qui oppose le président à la justice de son pays. En décembre 2007, Jacob Zuma, alors chef du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), avait été inculpé de 783 charges, dont « corruption », « fraude fiscale » et « racket », pour avoir accepté des pots-de-vin de la part de fabricants d’armes internationaux – le français Thomson-CSF (devenu Thales), le suédois Saab et le britannique BAE Systems – dans le cadre d’une énorme commande publique d’armement de 4,3 milliards d’euros à la fin des années 1990.

Des centaines de chefs d’inculpation avaient été abandonnées en 2009, quelques semaines seulement avant l’élection de M. Zuma à la présidence.

Municipales à haut risque

Or à la fin d’avril, après une longue bataille judiciaire menée par l’opposition, la Haute Cour de Pretoria a estimé que le parquet, en abandonnant ces accusations pour vice de forme en 2009, avait agi de façon « irrationnelle ». Le tribunal arguait alors que cette décision devait « être revue » et que M. Zuma « devrait être poursuivi pour ces chefs d’inculpation », renvoyant la balle au parquet.

Mais le parquet et le président lui-même ont décidé de faire appel de ce jugement à la fin de mai. Le rejet de cet appel, vendredi, confirme la possibilité de rétablir les accusations contre Jacob Zuma. Cette menace de nouvelles charges risque d’affaiblir un peu plus le chef de l’Etat, embourbé dans plusieurs autres scandales, à moins de deux mois d’élections municipales à haut risque pour l’ANC.

La saga judiciaire pourrait néanmoins se poursuivre si le parquet ou le président décidaient de saisir la plus haute juridiction du pays, la Cour constitutionnelle pour contester cette décision.