De retour d’un stage en Jamaïque où il s’est entraîné aux côtés d’Usain Bolt, Wayde van Niekerk s’apprête à mesurer ses progrès en vitesse à Durban, en Afrique du Sud, qui accueille jusqu’au 26 juin les 20es championnats d’Afrique d’athlétisme. Dans l’ambiance festive du Kings Park Stadium, le Sud-Africain donnera d’abord un coup de main au relais 4 x 100 m sud-africain vendredi soir, avant d’enchaîner avec le 200 mètres, samedi en séries et dimanche en finale. « Je suis un vrai sprinteur, j’ai toujours préféré le 100 mètres et le 200 mètres, explique-t- il. Plus c’est rapide et mieux c’est ! »

A bientôt 24 ans, Wayde van Niekerk est, avec sa compatriote Caster Semenya et l’Ivoirienne Muriel Ahouré, la principale attraction de ces championnats. Le 26 août 2015 à Pékin, le natif du Cap s’était imposé à la surprise générale en finale du 400 m des championnats du monde devant l’Américain LaShawn Merritt, tenant du titre, et le Grenadien Kirani James, champion olympique en 2012. En 43 s 48, il avait alors approché de près le record du monde de Michael Johnson, figé à 43 s 18 depuis dix-sept ans.

Deux saisons gâchées par les blessures

Né de parents tous deux sauteurs en hauteur (records à 1,80 m pour sa mère et à 2 m pour son père), l’athlète n’a pas échappé à la spécialité familiale, arborant un record (2,06 m en junior) dont il n’a pas à rougir. Ailier et arrière de l’équipe de rugby du lycée, il se découvre alors un talent pour le sprint, qu’il développe auprès de son beau-père, devenu son premier entraîneur.

Quatrième en 21 s 02 du 200 mètres aux championnats du monde juniors à Moncton (Canada) en 2010, Wayde van Niekerk porte son record à 20 s 57 l’année suivante, mais enchaîne avec deux saisons gâchées par les blessures. En octobre 2012, il intègre le groupe d’entraînement d’Anna-Sophia Botha à l’université de Bloemfontein, où il étudie le marketing. Depuis bientôt quatre ans, la coach et arrière-grand-mère sud-africaine de 74 ans joue un « rôle maternel et protecteur », à en croire son protégé. C’est elle qui l’a orienté sur 400 m afin de préserver ses ischio-jambiers mis à rude épreuve sur les distances inférieures. Une « torture », selon l’intéressé, qui n’apprécie guère le travail d’endurance.

Le choix du duo s’est néanmoins avéré vite payant. En moins d’un an, Wayde van Niekerk est passé de 48 s 00 à 45 s 09 sur 400 m. Son ascension s’est poursuivie en 2014 avec un chrono prometteur de 44 s 38. Et l’an dernier, son titre mondial a couronné une saison parfaite, dont le fin mais explosif coureur (1,83 m pour 72 kg) est sorti invaincu sur 200 et 400 m.

Dominateur du 100 mètres au 400 mètres

Fan de football, Wayde van Niekerk aime aussi jouer au poker avec plusieurs athlètes sud-africains. À l’entendre, la patience requise par le jeu de cartes l’a aidé à tempérer ses ardeurs en course. « Avant, je voulais toujours être le premier aux 100, 200, 300 et 400 mètres, explique-t-il. Maintenant, je commence les courses plus calmement, ce qui me permet de me sentir plus à l’aise dans les 100 derniers mètres. »

Dominateur du 100 m au 400 m, Wayde van Niekerk est toujours invaincu cette année. Le 11 juin à Kingston, il s’est aventuré sur la distance peu courue du 300 m, où il l’a emporté dans le troisième meilleur chrono de tous les temps (31 s 03). Seules les légendes Michael Johnson (30 s 85) et Usain Bolt (30 s 97) sont déjà allées plus vite. Le 17 juin, il a pris part au 400 m de Boston, où il s’est imposé en 44 s 29, à 17 centièmes de son meilleur temps de l’année (44 s 11). « Il est sur de bons rails, assure Anna-Sophia Botha. Le chrono de Boston n’était pas vraiment ce que nous voulions, mais il y avait un fort vent donc nous sommes satisfaits. »

Après les championnats d’Afrique, le Sud-Africain partira en stage à Gemona, au nord-est de l’Italie, pour fuir les basses températures de Bloemfontein, situé à 1 400 m d’altitude. « C’est l’hiver ici. Il peut faire très, très froid à Bloemfontein, parfois moins de zéro, explique son entraîneur. C’est trop froid pour les sprinteurs. Nous retournons en Italie pour nous préparer dans un climat plus chaud. » Engagé sur 400 m à Monaco le 15 juillet, Wayde van Niekerk se réservera ensuite pour Rio, où il disputera ses premiers Jeux olympiques sur 400 m. « Je suis un peu nerveux, mais plus excité qu’autre chose », confie-t- il.