Le ministre de l’économie allemande, Sigmar Gabriel, le 24 juin. | WOLFGANG KUMM/AP

Y a-t-il une réponse sociale-démocrate à la crise que traverse l’Union européenne ? Sigmar Gabriel, président du parti social-démocrate allemand (SPD), et Martin Schulz (SPD également), président du Parlement européen, tentent de répondre par l’affirmative et par là-même de se démarquer de la chancelière Angela Merkel. Ils ont publié, vendredi 24 juin, un texte intitulé « Refonder l’Europe » dans lequel ils émettent dix propositions.

Sur le plan institutionnel, ils souhaitent que la Commission de Bruxelles devienne un « vrai gouvernement européen » contrôlé par deux Chambres, le Parlement européen et une assemblée représentant les Etats-membres. Par ailleurs – et cela constitue le cœur du document – les deux hommes préconisent un « tournant de la politique économique » et un « pacte pour la croissance » en Europe. Ils souhaitent notamment que l’actuel pacte de stabilité et de croissance insiste davantage sur ce second aspect et moins sur le premier.

Pour un « FBI européen »

Les deux dirigeants plaident par ailleurs pour un renforcement de la politique étrangère commune et pour une lutte plus offensive contre les paradis fiscaux et l’évasion fiscale. Au chapitre de la sécurité, ils évoquent un « FBI européen » et une véritable coopération entre les Etats contre le terrorisme. Enfin, ils préconisent une « politique d’immigration commune », un contrôle des frontières extérieures de l’Union européenne également commun (mais ils ne disent pas comment y parvenir) et une « protection effective des droits fondamentaux » avec notamment la publication d’une « charte européenne des droits fondamentaux adaptée à l’ère numérique ».

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Selon la presse allemande, les ministres allemand et français des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier et Jean-Marc Ayrault, qui devaient se retrouver samedi matin à Berlin avec leurs collègues italien, belge, néerlandais et luxembourgeois, devraient publier une déclaration commune qui reprendrait un certain nombre de ces éléments et insisterait sur l’importance du couple franco-allemand pour sortir de la crise actuelle.

Si ces propositions reprennent en grande partie des idées déjà évoquées par la sociale-démocratie européenne ces derniers temps, difficile de ne pas y voir également une prise de position anti-Merkel. Vendredi 24 juin, la chancelière allemande a clairement laissé entendre qu’à ses yeux, une relance institutionnelle de l’Europe n’était pas d’actualité.

De plus, connaissant la faiblesse politique de François Hollande et ne se retrouvant pas dans les propositions de Nicolas Sarkozy – qu’elle a reçu très discrètement mardi 21 juin –, elle n’entend pas miser sur le moteur franco-allemand dans les mois à venir. Comme par hasard, les sociaux-démocrates insistent sur ces deux points.

En revanche, on notera que le document des deux dirigeants du SPD passe totalement sous silence une Europe de la défense. Pour Angela Merkel, Vladimir Poutine constitue une vraie menace contre laquelle il faut faire preuve de fermeté alors que pour le SPD, il est plus urgent que jamais de restaurer une relation de confiance avec le président russe.