« Bien sûr qu’il y a un cochon dans Lego Star Wars. On met des cochons partout, dans tous les jeux, peu importe que ce soit pertinent ou non. » Graham Goring déclame sa réplique du ton le plus sérieux du monde – et ce en dépit du gigantesque muffin au chocolat qu’il mâchouille de la manière la plus ostentatoire possible.

Ancien auteur amateur de stand-up, reconverti en scénariste de jeux vidéo humoristiques, ce Britannique est responsable des dialogues et des gags décalés de Lego Star Wars : Le Réveil de la Force, qui sort le 28 juin sur consoles. À l’invitation de l’éditeur du jeu, Warner Bros., Pixels l’a rencontré à l’hôtel Legoland à Billund (Danemark).

LEGO Star Wars : Le Réveil de la Force - Bande Annonce / Trailer
Durée : 01:38

Comment êtes-vous rentré dans le métier ?

Graham Goring : Cela se résume à être la tête de turc de sa classe à l’école. Conséquence directe, il fallait avoir beaucoup de sens de l’humour ; ça m’a suivi, au point de faire de la comédie. Je perdais par ailleurs beaucoup de temps à jouer aux jeux vidéo. Quelqu’un m’a vu faire, il travaillait dans l’industrie, il a suggéré de me mettre à l’essai. J’ai eu le droit de réécrire entièrement un jeu. C’est une manière curieuse de rentrer dans le métier.

En tout, combien de texte écrivez-vous pour un projet comme celui-ci ?

Lego Star Wars : Le réveil de la force, c’est 8 000 lignes de dialogue. Ce n’est rien par rapport à un jeu de rôle, mais déjà conséquent. Toutes les lignes de dialogue écrites ne sont d’ailleurs pas utilisées. Et beaucoup des répliques sont venues naturellement pendant l’enregistrement des voix avec les vrais acteurs. Il leur arrive souvent de modifier une réplique durant la prise de son, et on les réécrit autant que possible. C’est arrivé par exemple avec Anthony Daniels, l’acteur de Z6PO, que j’ai rencontré avant l’enregistrement : personne ne connaît Z6PO autant que lui.

Le jeu a la licence Star Wars, mais l’humour est très décalé…

C’est vrai. On ne fait pas un Star Wars, mais un Lego Star Wars. Il y aura toujours une approche un peu idiote et impertinente, qui nous autorise à nous éloigner du film. Mais les films eux-mêmes sont déjà drôles, cela aide.

En l’occurrence, l’humour est très particulier, assez british…

Oui, exactement. Quand je faisais du stand-up, j’écrivais surtout des lignes de dialogue très courtes, et ça aide, parce que vous avez l’habitude de manier le langage, les homophones, les homonymies, etc. C’est très utile pour écrire des blagues. Mais j’aime écrire des choses idiotes, parce que j’aime ce qui est idiot, je suis moi-même un idiot. J’adore les blagues débiles, je trouve qu’il n’y a rien de plus intelligent. Pourvu que ce ne soit pas blessant évidemment. Star Wars, avec tous ses stormtroopers qui se ressemblent, est parfait pour ça.

« Muffin or not muffin, that is the question ». | W. A.

Peut-on avoir le même sens de l’humour sur tous les jeux Lego ?

Pour Harry Potter, il fallait rester très proche du script original, donc l’humour se limitait surtout à du comique burlesque, muet. Cela dépend de chaque projet. Moi, je détesterais travailler sur une licence complètement humoristique. Si vous n’êtes pas aussi drôle que votre matériel d’origine, vous êtes foutus ! C’est pour ça que Star Wars est parfait, tout comme Jurassic Park. Il y a de l’humour, mais ce n’est pas de la comédie. Vous pouvez toujours mettre plus d’humour.

Votre cauchemar, ce serait donc quoi ? Travailler sur Lego Seinfeld ?

Absolument, littéralement. Je ne saurais pas comment faire, la structure est tellement parfaite, les dialogues tellement précis, je serais complètement perdu !

Et le jeu Lego que vous aimeriez faire ?

C’est Lego Dr Who, parce que j’adore la science-fiction. La première fois que j’ai vu un film de science-fiction, c’était Star Wars à la télévision à Noël. Star Wars a été mon premier amour, et Dr Who, mon second. Bien sûr, il y a eu un niveau dessus dans Lego Dimensions, mais ce serait cool de faire un jeu entier sur Dr Who.

Il y a des blagues récurrentes dans les Lego ?

Bien sûr. Les cochons. Chez Traveller’s Tales [le développeur britannique du jeu], on met des cochons partout, dans toutes nos productions, peu importe que ce soit pertinent ou non. Il y a pilote de X-wing cochon au début de la 14e mission. On trouve également des saucisses et des milk-shakes. Cela fait partie de nos signatures.

Et des running gags à vous ?

J’aime bien remplacer les jurons par des homophones loufoques, comme « crumble crab » [crabe croustillant] à la place de « crap », c’est l’avantage de travailler sur des jeux pour les enfants. Mais des running gags, pas vraiment. Je ne peux pas reprendre mes propres gags parce que je ne m’en souviens pas. Quoique… Quand j’ai rejoué à Lego City Undercover, je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de punchlines reprises de mon stand-up. Alors, il y en a peut-être aussi dans Lego Star Wars, qui sait ?