Manifestation d’opposants à Donald Trump à proximité d’un hôtel où le candidat recontrait des représentants de des églises évangéliques, mardi 21 juin. | BRENDAN MCDERMID / REUTERS

A un peu moins de cinq mois de l’élection présidentielle américaine du 8 novembre, Donald Trump connaît un passage à vide. Il n’a pas su tirer profit des ennuis de Hillary Clinton face à Bernie Sanders pendant la plus grande partie du mois de mai et du mois de juin, et ses prises de position après l’attentat d’Orlando ne lui rapportent pas grand-chose. Comme si cela ne suffisait pas, il semble distancé par la candidate démocrate dans la course à l’argent, nerf de la guerre pour la campagne.

Mardi 21 juin, à New York, le candidat républicain a tenté une opération en direction des chrétiens conservateurs qui, jusqu’à présent, soutenaient Ted Cruz, le sénateur du Texas, contre lequel il a mené une campagne à couteaux tirés. Mais c’est un terrain sur lequel il a fort à faire : en janvier, alors que les primaires n’avaient pas commencé, un sondage de Pew Research Center révélait que Donald Trump était perçu comme le moins « religieux » des candidats.

Cette enquête montrait que 22 % des Américains trouvaient le milliardaire, qui se dit presbytérien, « pas trop » religieux et 37 % « pas du tout ». Ils n’étaient que 25 % à le considérer comme « assez » religieux, et seulement 5 % comme « très » religieux. Plus critique pour lui, chez les républicains, 47 % des électeurs jugeaient qu’il n’était pas religieux.

A la « une » de « Playboy » en 1990

Pour conduire cette offensive, Donald Trump a annoncé la création d’un « comité exécutif évangélique », rassemblé autour de lui. Celui-ci comprend Michele Bachmann, James Dobson et Ralph Reed, autant de représentants de groupes de pression politique chrétiens conservateurs (fondamentalistes catholiques et protestants) et de défenseurs de la famille traditionnelle.

Devant les représentants de ces différents courants, mardi à New York, M. Trump a décrit l’Amérique comme un pays de moins en moins chrétien, ce qui expliquerait, selon lui, les difficultés du pays. Il a expliqué que la liberté de religion est la liberté fondamentale, promis de laisser ces groupes s’exprimer librement et assuré qu’il nommerait à la Cour suprême des magistrats opposés à l’avortement, sujet sur lequel il a beaucoup évolué.

Malgré tout, cette journée n’est pas allée sans une série d’impairs. Comme par exemple une photo de Jerry Falwell Jr. – le fils de Jerry Falwell, président de l’organisation très conservatrice de la Majorité morale – qui, accompagné de sa femme, pose, avec Donald Trump, devant une série de « unes » de magazines à la gloire du milliardaire, dont celle de Playboy de 1990… Sans que cela ne perturbe outre mesure Jerry Falwell Jr., dont le père, pourtant, avait combattu la presse pornographique, poussant la Cour suprême à prendre position en faveur de cette dernière, au nom de la liberté d’expression et du Premier amendement.

A ce stade, comme l’indique une journaliste du Wall Street Journal, les représentants de la droite religieuse n’ont pas encore dit s’ils allaient apporter leur soutien à Donald Trump.

Attaques sur la foi de Hillary Clinton

Le candidat républicain s’en est par ailleurs pris à Hillary Clinton, questionnant sa foi : « Nous ne savons rien de Hillary Clinton sur les questions de religion. Cela fait des années qu’elle est un personnage public, et pourtant, on ne sait rien d’elle sur ces questions. »

Ce qui lui a valu un communiqué de Deborah Fikes, ancienne conseillère de l’Alliance évangélique mondiale, la plus puissante organisation internationale d’églises évangéliques et protestantes : « Les propositions de Donald Trump ne sont pas seulement non chrétiennes, elles sont non américaines et en désaccord avec tout ce que notre pays a de plus cher. »

Deborah Fikes a aussi précisé que la candidate démocrate était connue sous le surnom de… « Sœur Hillary ». Hillary Clinton est méthodiste et parle peu de sa foi, mais son soutien au planning familial et à l’avortement heurte les chrétiens conservateurs.

Hope Hicks, la porte-parole de Donald Trump, a répondu que celui-ci n’avait jamais eu l’intention de questionner la foi de Hillary Clinton et qu’au contraire, il devrait être loué pour avoir répondu, à une question concernant la foi de la candidate, qu’il n’avait pas connaissance des orientations religieuses de l’ancienne secrétaire d’Etat.