Le président zambien Edgar Lungu, candidat à sa réélection pour le scrutin du 11 août 2016. | SALIM DAWOOD / AFP

Le Post, plus grand quotidien indépendant de Zambie, a été fermé mardi par les autorités de Lusaka au prétexte de n’avoir pas payé ses impôts, a indiqué mercredi 22 juin à l’AFP Joseph Mwenda, le rédacteur en chef du journal. Il accuse le gouvernement de censure à deux mois du scrutin présidentiel qui doit se tenir le 11 août.

« Il est clair qu’ils veulent nous faire fermer avant les élections », dénonce le journaliste, précisant que son équipe avait réussi à publier une dernière édition dans la nuit de mardi à mercredi avec l’aide d’un imprimeur privé. Mercredi matin, les employés du Post attendaient devant les locaux de leur quotidien, fermés à clé.

Joseph Mwenda a confirmé que le quotidien devait 53 millions de kwachas (4,2 millions d’euros) au fisc zambien, ce qui ne justifie pas en soi la fermeture du journal, « illégale » d’après le rédacteur en chef. « C’est un abus de pouvoir des autorités fiscales zambiennes car nous avons payé une partie de la somme que nous devions, et nous avons même une décision de justice qui les empêche de faire ça. Mais ils ont désobéi à la justice », affirme-t-il.

« Affront à la liberté d’expression »

L’organisation Amnesty International a dénoncé la fermeture du Post, affirmant dans un communiqué qu’il s’agissait d’un « stratagème délibéré pour réduire les médias au silence avant les élections ».

« La fermeture d’un des principaux journaux indépendants de Zambie pendant la campagne électorale est un affront à la liberté d’expression, et les autorités devraient immédiatement annuler leur décision », a estimé le directeur d’Amnesty International pour l’Afrique australe, Deprose Muchena.

Créé en 1991, le Post est critique envers le président actuel Edgar Lungu, candidat à sa propre succession.