Les supporteurs irlandais à Lyon, le 26 juin. | Robert Pratta / REUTERS

Concert de klaxons, pétarades motorisées et cris, Lyon n’a pas échappé dimanche après-midi aux traditionnelles manifestations de joie après la victoire des Bleus face à l’Irlande. Une foule nombreuse s’était massée en centre-ville, à plus d’une dizaine de kilomètres du Parc OL de Décines, qui accueillait pour la première fois un match de l’équipe de France.

Les Lyonnais, qui n’avaient pas la chance de faire partie des quelque 59 000 spectateurs présents au stade, ont pu fêter la qualification en quart de finale des Bleus. « J’ai bien cru que l’on n’allait pas s’en sortir. On a réalisé une superbe deuxième période », se réjouissait Alain, venu en famille à la fan zone lyonnaise et soulagé après une victoire qui s’est construite malgré une entame de match catastrophique.

Bataille jouée d’avance

Entre supporteurs français et supporteurs irlandais, la bataille était, elle, jouée d’avance. Face aux chants des Boys in Green, les tentatives d’« Allez les Bleus, Allez les Bleus ! », n’impressionnaient guère. Dotés de seulement 5 000 billets, les Irlandais cherchaient des places avant le coup d’envoi. Un costaud bruyant divertissait le bar par sa persévérance : « Je te joue ta place au bras de fer » ou « je laisse mon portefeuille rempli de billets sur la table, prends ce que tu veux ».

Une heure avant la rencontre, le quartier Renaissance historique de Lyon avait retrouvé son calme. Les pubs irlandais, les bien nommés Saint-James et James Joyce, se remplissaient doucement. Les touristes et les locaux garnissaient les terrasses des traditionnels bouchons lyonnais, pas les meilleurs de la ville.

Pour voir du monde, il fallait se diriger vers la Place Bellecour et sa statue équestre de Louis XIV, qui abrite la fan zone. À quelques minutes du coup d’envoi, les files d’attente aux points d’accès s’allongeaient sous un soleil écrasant. À défaut de précieux sésames dans le stade, on choisit de communier avec le plus grand nombre. Certains courageux ont même dû attendre la mi-temps pour accéder aux deux écrans géants qui diffusaient le match. Un resquilleur piquait un sprint désespéré et inutile, rattrapé par le paletot par une armée d’agents de sécurité avant d’avoir réussi à se fondre dans la masse.

D’entrée, la douche froide s’abattait sur les spectateurs avec ce penalty provoqué par Paul Pogba. La majorité des supporteurs tricolores jetait de rage les gobelets de bière sur ses congénères. La minorité irlandaise faisait de même mais dans un élan de joie. Les quelques points verts dans la masse bleue chambraient gentiment la foule, allusion à la fameuse main de l’ancien attaquant français lors des barrages au Mondial 2010 : « Thierry Henry, Thierry Henry ! ». Antoine, un supporteur français, déprimait : « Bravo, maintenant, ils vont fermer la boutique ».

Olivier Giroud n’a longtemps pas été dans son assiette avant d’offrir une passe décisive en deuxième période. | Anthony Hernandez

« Vous êtes des supporteurs, des vrais, les meilleurs »

Chaque arrêt, chaque tacle, chaque incursion dans la moitié de jeu des hommes de Didier Deschamps étaient célébrés par les visiteurs. Sarah, jeune Irlandaise taquine, s’amusait avec ses voisins, tirant la queue-de-cheval de l’un, arrachant au passage la casquette d’un fan déjà titubant. « You love long hair », lui répondait un homme au catogan qui tentait de se consoler.

« On prend le bouillon, on prend le bouillon », scandait une bande de copains, auréolés de la toute panoplie du parfait supporteur. Les visages se ferment. L’impuissance française de cette première mi-temps n’incite pas à l’optimisme.

La clameur sur l’égalisation d’Antoine Griezmann était à la hauteur du soulagement. L’adaptation française de l’hymne officieux de l’Euro, « Griezmann’s on fire, your defence is terrified », pouvait retentir. Malgré les éliminations des deux Irlande, l’influence de l’île continuera à égayer le tournoi. Le deuxième but victorieux du joueur de l’Atletico Madrid libérait la foule et retournait l’opinion. « On va leur mettre la misère désormais », jugeait Benjamin, 24 ans, le sourire aux lèvres.

De misère il n’y eut pas, et c’est bien heureux pour cette valeureuse équipe irlandaise et ses supporteurs toujours aussi attachants, même en sous nombre. « Vous êtes des supporteurs, des vrais, les meilleurs », lançaient de jeunes gens à leurs homologues en vert un peu attristés par la tournure des événements. Ils auront dans tous les cas marqué cet Euro de leur ferveur.

Certains supporteurs français ont fait preuve d’originalité et de sens du sacrifice sous la chaleur lyonnaise. | Anthony Hernandez

Euro 2016 : les Irlandais, palme d’or des supporteurs les plus sympas
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