Yannick Ferreira-Carrasco et Michy Batshuayi, buteurs face à la Hongrie. | ATTILA KISBENEDEK / AFP

Trente-six ans après avoir atteint la finale du championnat d’Europe, les Belges sont en passe d’écrire à nouveau une des plus belles pages de l’histoire de leur football. Leur victoire (4-0) contre la Hongrie, dimanche 26 juin à Toulouse, leur permet d’atteindre les quarts de finale. C’est là une confirmation de leur renouveau avec une génération de joueurs exceptionnels, qui avaient déjà rallié le grand huit lors du Mondial 2014 au Brésil. Cette fois, les hommes de Marc Wilmots peuvent viser plus loin puisque les attendent le 1er juillet au stade Pierre Mauroy de Villeneuve d’Ascq les Gallois, des adversaires amplement à leur portée. Les Diables rouges avaient auparavant brillé par leur absence dans la compétition continentale puisque leur dernière qualification remontait à 1984, déjà en France. Ils avaient co-organisé avec leur voisin néerlandais le rendez-vous en 2000, mais s’étaient avérés incapables de dépasser la phase de poules.

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A dire vrai, personne ne s’attendait à ce que l’équipe hongroise, de retour dans une grande compétition après trente ans d’absence, joue de son côté une place pour les quarts de finale. Mais les hommes de l’Allemand Bernd Storck ont été une des sensations du premier tour puisqu’avec six buts inscrits, ils ont terminé avec la meilleure attaque de cette phase, sans perdre le moindre match et en prenant la première place de leur groupe. Comme contre l’Autriche (victoire 2-0) ou le Portugal (3-3), ils ne partent pas favoris face aux Diables rouges. La dernière apparition des Magyars au championnat d’Europe remonte d’ailleurs à 1972, à Liège, contre… la Belgique. L’équipe de Florian Albert s’était inclinée 2-1 contre celle de Paul Van Himst, alors entraînée par Raymond Goethals, lors du match de la troisième place pour un succès de la Hongrie contre la Belgique, il faut remonter à 1958 et à la fin de l’âge d’or cette sélection.

Des Belges offensifs

Après le triste samedi, le spectateur a envie de prolonger cette belle journée de dimanche et de conserver la moyenne de trois buts par match, suite aux succès français contre l’Irlande (2-1) puis allemand face à la Slovaquie (3-0). Il obtiendra mieux. Les Belges ont décidé d’assumer pleinement leur statut de favoris et se présentent avec un schéma très offensif titularisant l’ailier droit napolitain Dries Mertens. Marc Wilmots n’a qu’une hantise : la séance de tirs aux buts. Il n’a aucune envie que la soirée s’éternise.

Les Diables rouges, qui évoluent en bleu pâle – les Magyars conservant leur plus belle tenue, la traditionnelle en maillot rouge, short blanc et bas verts – prennent immédiatement les choses en main. Une frappe de Kevin De Bruyne intervient dès la 4e minute en survolant la barre du jeune quadra Goran Kiraly. La réaction des Hongrois ne se fait pas attendre avec un tir cadré côté droit de Gergö Lovrencsics. Il y a du rythme et des prises de risques chez ces deux formations joueuses pusique sur l’action suivante l’avant-centre belge Romelu Lukaku échoue sur Kiraly, puis De Bruyne oblige encore Kiraly à s’employer. En sept minutes à peine, quatre tirs cadrés, soit deux fois plus que l’intégralité de Croatie-Portugal, prolongations incluses, de samedi. Les Hongrois subissent et souffrent devant la vivacité des diablotins.

Qui parviennent à leurs fins dès la 10e minute : un coup franc de De Bruyne est déposé sur la tête du défenseur Toby Alderweireld qui fusille Kiraly, délaissé par sa défense, d’une étonnante passivité. Le bouillant public belge exulte et se tourne vers les spectateurs toulousains voisins pour crier « avec nous ». Les Hongrois peuvent enfin faire tourner le ballon mais c’est encore De Bruyne, lancé en contre, qui manque le break en butant sur Kiraly avant la fin du premier quart d’heure. Survient alors un gag belge : leur gardien Thibaut Courtois glisse et rate magistralement le ballon sur une passe de défenseur en concédant un corner. S’il avait été placé devant son but, c’eut été le drame…

La Hongrie ne méritait pas une telle sortie

Par leur pressing haut, auquel contribue Eden Hazard en piquant des ballons, les Belges privent les Hongrois de solution. Ils ont plusieurs occasions de plier le match mais, délicats, laissent planer encore un peu de suspense. Il faut dire aussi que Kiraly dispute le match d’une de ses nombreuses vies, en détournant du bout des doigts sur sa barre une frappe en force de De Bruyne. Les Belges ont enfin une frayeur quand Lövrencics tire subitement de loin. La balle passe au-dessus de la barre de Courtois qui était battu. Avant le match, le meneur de jeu Zoltan Gera avait annoncé que « c’est un avantage d’avoir des joueurs capables de marquer des buts de loin, et nous en avons beaucoup dans notre sélection ». Illustration dans la foulée, avec un tir de Dzsudzsak qui frôle le poteau droit. On ne s’ennuie pas une seule seconde à Toulouse, Kiraly réalisant ensuite un arrêt à bout portant devant Mertens, idéalement servi par Hazard.

Reprise sur les chapeaux de roue avec une frappe de Hazard encore détournée par Kiraly. Mais les Hongrois vont avoir une belle réaction d’orgueil et plusieurs occasions de réduire le score, avec l’avant-centre Adam Szalai, qui dévisse sa frappe, puis par un tir d’Adam Pinter contré par le talon d’Alderweireld, qui file sous la barre, mais Courtois a le bon réflexe. C’est ensuite une frappe côté droit du latéral Roland Juhasz qui frôle le poteau. C’est au moment où l’on commence à douter de l’emprise belge que le Marseillais Michy Batshuayi, entré en cours de jeu, double la mise (78e) sur un centre parfait de Hazard. Et l’attaquant de Chelsea remet ça sur contre dès l’engagement. La facture s’alourdit pour des Hongrois nullement déméritants et qui tenteront de sauver l’honneur jusqu’au bout. A la dernière minute du temps réglementaire, leur supplice s’allonge sur un nouveau contre belge laissant Kiraly seul face à Yannick Carrasco. 4-0 : cette équipe-là ne méritait pas d’essuyer le plus gros carton de cet Euro. Parmi les équipes surprises, il n’en reste plus qu’en lice, l’Islande, qui affronte lundi 27 juin l’Angleterre.