Ricardo Quaresma célèbre son but. | FRANCISCO LEONG / AFP

Et dire que ce match devait être l’un des « chocs » des huitièmes de finale de l’Euro. Au bout de la nuit, mais surtout de l’ennui - il ne faut pas s’interdire un jeu de mots éculé lorsqu’il est aussi approprié -, le Portugal est venu arracher sa qualification face à la Croatie (1-0). En inscrivant un but dans les prolongations, à la 116e minute de jeu, Ricardo Quaresma est venu délivrer la Selecçao d’une séance de tirs au but vers laquelle les deux équipes semblaient inéluctablement se diriger. Grâce à leur victoire, les coéquipiers de Cristiano Ronaldo affronteront la Pologne, jeudi 30 juin à Marseille (21 heures), sans avoir convaincu lors de leurs quatre premiers matchs.

Avant le coup d’envoi, l’affiche promettait pourtant une opposition intéressante entre deux équipes aux dynamiques opposées, entre une Croatie brillante collectivement lors de la phase de poules et un Portugal se reposant presque exclusivement sur le talent de Cristiano Ronaldo. Dans leur groupe respectif, les deux sélections avaient réussi, à leur manière, un « exploit ». Les Croates en venant à bout de l’Espagne (2-1), synonyme pour la Roja d’un peu enviable huitième de finale face à l’Italie. Et les Portugais en réalisant la « performance » de se qualifier sans gagner un seul match face à l’Islande, l’Autriche et la Hongrie. Sans en perdre un seul non plus, souligneront ceux qui préfèrent voir le verre de Porto à moitié plein.

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Aucun tir cadré

Mais les premiers signaux ne furent pas encourageants. Le début de la rencontre fut caricatural, avec un récital de passes des Croates, aussi long qu’inutile. Les Portugais touchaient très peu de ballons durant le premier quart d’heure. Mais de cette supériorité collective, les joueurs aux maillots à damiers ne semblaient pas vouloir tirer avantage. Il fallut attendre la 24e minute pour voir une première demi-occasion, pour le Portugal, lorsque Pepe reprenait de la tête un coup franc de Raphael Guerreiro. Le ballon passait bien au-dessus des cages de Danijel Subasic.

Les Croates s’offraient un premier tir non-cadré par l’intermédiaire d’Ivan Perisic, dont la frappe venait terminer sa course dans le petit filet (29e). Pour le reste ? RAS. Zéro tir cadré durant les 45 premières minutes. Et Cristiano Ronaldo, dans tout cela ? Très discrète, la star du Real Madrid se faisait surtout remarquer en s’essuyant les crampons sur la cheville du défenseur croate Darijo Srna (19e), l’un des rares joueurs à tenter de mettre de l’intensité dans une rencontre qui en manquait cruellement. Bref, le « choc » accouchait d’une première mi-temps soporifique, devant des supporteurs qui avaient parfois tendance à s’assoupir sans que l’on puisse le leur reprocher.

Le second acte débutait sur les mêmes bases. Une possession de balle majoritairement croate mais concentrée au milieu de terrain, et ce qu’il faut de déchet technique ou de fautes pour annihiler les possibilités d’occasions. A une frappe de Brozovic, bien trop enlevée (51e) répondait un tir trop écrasé de Renato Sanches - le jeune milieu portugais de 18 ans, entré à la 50e minute, fut assez bon par ailleurs -, puis une autre frappe complètement ratée de Brozovic (58e). L’ennui guettait, et les similis occasions ne suffisaient pas à changer la donne. On n’avait toujours pas bien vu Cristiano Ronaldo. Et encore aucun tir cadré.

Alors que l’arbitre espagnol Carlos Velasco Carballo sifflait la fin de la seconde mi-temps, nous venait en tête cet aphorisme de Serge Gainsbourg : « La laideur a ceci de supérieur à la beauté qu’elle ne disparaît pas avec le temps. » Ce fut malheureusement vrai pour cette rencontre nulle et vierge au terme du temps réglementaire - et sans tir cadré, une première dans un grand tournoi depuis… 1980 -, pour laquelle il fallut donc observer trente minutes de jeu supplémentaires, sans bien savoir à quoi cela pouvait servir. Car qu’advint-il ? Une tête de Perisic bien au-dessus des buts de Rui Patricio (93e), une frappe dévissée de Brozovic qui passait à une quinzaine de mètres du but portugais (99e), une reprise acrobatique ratée de Nani (107e). La séance de tirs au but se profilait.

Mais dans les cinq dernières minutes, contre toute attente, la rencontre semblait enfin s’emballer. Après deux grosses occasions croates coup sur coup, c’est une contre-attaque de la Selecçao qui allait finalement débloquer le match. Cristiano Ronaldo, qui n’avait pas tenté un tir jusqu’alors, frappait dans une position idéale. Danijel Subasic repoussait la balle, que Ricardo Quaresma envoyait de la tête au fond des filets (116e). Les Portugais pouvaient exulter, les dernières minutes de pression croate ne donnèrent rien, malgré une frappe de Vida proche de la lucarne de Rui Patricio dans les ultimes instants.

Qualifié en quarts, le Portugal a enfin remporté une rencontre dans ce tournoi. Il lui manque encore la manière et les arguments de jeu pour convaincre qu’il peut aller loin dans cette partie de tableau pourtant plutôt favorable.