Arnor Ingvi Traustason fête son but contre l’Autriche, le 22 juin à Saint-Denis. | KENZO TRIBOUILLARD / AFP

L’Islande s’est imposée 2-1, mercredi au Stade de France, contre l’Autriche, qui est éliminée de la compétition. Au contraire, pour leur premier Euro, les Islandais prennent avec cette incroyable victoire la deuxième place du groupe F comme « fou », juste derrière la Hongrie, première, et devant le Portugal, qualifié également… en tant que meilleur troisième.

Obligé de remporter ce dernier match, le sélectionneur autrichien avait surpris son monde en optant pour un troisième schéma tactique en autant de rencontres, envoyant cette fois ses deux milieux David Alaba et Marko Arnautovic à l’avant, en alternance avec l’ailier Marcel Sabitzer, dans une sorte de 3-4-3 énigmatique. Pari raté en première période, David Alaba n’étant pas encore capable de centrer pour lui-même.

Côté islandais, personne ne s’amusait à sortir du plan de jeu. Sans star, cette sélection fait tout en équipe, défendre et attaquer, d’un seul bloc bleu. Dès la 2e minute, une frappe de Gudmundsson venait frapper la barre de Robert Almer. Du bois que les hommes de Lars Lägerback touchaient à nouveau à la 14e, sur un corner rentrant repoussé par le deuxième poteau autrichien. La mire étant réglée, l’Islande ouvrait logiquement le score à la 18e minute, au bout d’une touche longue (que l’on découvrira non réglementaire ensuite, Gunnarsson ayant posé le pied sur la ligne), déviée dans la surface puis reprise par l’attaquant Bödvarsson pour le 1-0.

Un but marqué vite fait bien fait, le bloc bleu pouvait se replier devant ses cages. Arnautovic, qui avait failli profiter d’une bévue du gardien Halldorsson à la 10e minute, vit sa frappe repoussée, avant d’envoyer une tête au dessus du cadre (28e). Quelques instants plus tard, Alaba était accroché dans la surface, pénalty logique, égalisation en vue, sauf que le défenseur central Aleksandar Dragovic fit une Sergio Ramos à la sauce Cristiano Ronaldo en envoyant son coup de pied de réparation sur le poteau d’Islandais reconnaissants.

La saillie de Ronaldo en tête

En rentrant aux vestiaires, le sélectionneur autrichien se demandait certainement qui avait eu l’idée bizarre de jouer avec son milieu défensif au poste d’avant centre… Il faisait donc entrer Janko en pointe, et le meneur Schöpf en soutien, afin de remettre Alaba et Arnautovic à leurs postes respectifs. L’Autriche poussait, Arnason sauvait sur sa ligne devant Alaba, puis une deuxième fois devant Schöpf. Ce dernier finissait par avoir gain de cause : sur une percée plein axe, il éliminait son défenseur avant de tromper le porter d’un tir croisé pour le 1-1 (60e).

L’équation était toujours aussi simple dans ce groupe bien compliqué : l’Autriche se devait de gagner, l’Islande pouvait gérer son nul pour viser, au pire, une place de meilleur troisième. L’attaque défense reprit de plus belle, les Rouges devant, les Bleus derrière. Rien n’y fit, pas même la montée du gardien Almer sur un corner dans les arrêts de jeu. Au contraire, sur une dernière relance, les Islandais trouvaient les ressources pour un contre fatal au pauvre Almer, battu par le bout du pied du remplaçant Traustason.

2-1 pour l’Islande, coup de sifflet final, délire dans le virage bleu des supporteurs islandais, et retournement de situation dans le groupe F. A la faveur du match nul entre la Hongrie et le Portugal (3-3), les Islandais prenaient la deuxième place de la poule, derrière les Magyars… mais devant les Lusitaniens. Impossible de ne pas repenser à la saillie de Cristiano Ronaldo à l’issue du premier match (1-1) : « L’Islande n’a rien essayé, ils n’ont fait juste que défendre, défendre, défendre, et joué en contre. Pour moi, c’est une petite mentalité. C’est pourquoi ils ne feront rien (dans la compétition). » Comment dit-on « la monnaie de sa pièce » en islandais ?

Les Islandais remercient leur supporteurs. | FRANCK FIFE / AFP