Graziano Pelle auteur du deuxième but pour l’Italie. | Martin Meissner / AP

« Nous devons essayer de provoquer un choc. » Antonio Conte avait donné quelques indices sur l’état d’esprit qui animait sa Squadra, dimanche à la veille de ce choc contre l’Espagne. Le choc a eu lieu, retentissant : l’Italie a battu l’Espagne sur le score sans appel de 2-0, lundi 27 juin à Saint-Denis, éliminant le double tenant du titre, qui perd sa couronne continentale après avoir son titre mondial en 2014.

Une victoire amplement méritée, tant la Nazionale a dominé les débats. Lors d’une première période étonnante, les Italiens ont d’abord tenu le ballon, relançant de partout, usant et abusant des une-deux et des courses dans les espaces, contre des Espagnols dépassés, toujours à la limite derrière, sans idée et sans jus devant.

Des Espagnols perdus

Dès la 8e minute de jeu, la Roja pouvait remercier son gardien David De Gea, auteur d’un arrêt de grande classe pour dévier une tête de Graziano Pellè. Le portier se trouvait de nouveau sur la route d’une reprise en retourné d’Emanuele Giaccherini, même si l’arbitre avait sifflé un pied haut sur l’action. Il fallait attendre la 20e minute pour voir un tir espagnol, Fabregas étant contré in extremis, puis la 27e pour qu’Iniesta ne teste la vigilance de Gigi Buffon d’une frappe plein centre.

Dans la foulée, la panique s’emparait de la charnière Ramos-Piqué, souvent battue dans le jeu aérien par Pellè. Le capitaine de la Roja faillit d’abord marquer contre son camp, avant de provoquer deux minutes plus tard un coup franc aux abords de sa surface après une faute sur Pellè. Eder envoya un missile droit devant, De Gea s’interposait, puis enlevait le cuir du pied de Giaccherini, seulement pour le pousser vers Giorgio Chiellini, défenseur aux aguets et buteur heureux (1-0 31e).

Perdus, les Espagnols reprenaient un peu le contrôle du ballon, pas celui de leurs nerfs, à l’image de Nolito ou Busquets plus rapides à râler auprès de l’arbitre qu’à créer des décalages sur le terrain.

Pellé sonne le glas

Vicente Del Bosque tentait à la pause un remaniement tactique à la Deschamps, en sortant Nolito pour faire entrer un deuxième avant-centre, Aduriz. La Roja reprit des couleurs : Morata vit sa tête captée par Buffon, Aduriz frappa à côté, puis Ramos loupa le cadre sur une tête. Un regain de forme ? A peine, car entre-temps, les Italiens avaient fait frissonner la défense de rouges, le seul De Gea sauvant les siens devant Eder à deux reprises.

Lors d’un dernier quart d’heure bouillant, l’Espagne passa tout près d’arracher l’égalisation, sur une volée splendide d’Iniesta ou un tir de Piqué, tentatives boxées par un Buffon impérial en toute fin de match pour détourner une déviation du même Piqué.

Las, les Espagnols finissaient même par craquer sur un énième contre transalpin, conclu en beauté par Pellè dans les arrêts de jeu. Antonio Conte devenait fou, Iker Casillas hochait la tête, incrédule, devant son banc. L’Espagne a perdu, c’est la fin d’une (grande) époque pour la Seleccion. Peut-être le début d’une incroyable aventure pour une étonnante Squadra Azzurra, qui devra tout de même relever un prochain défi de taille, avec l’Allemagne en quart de finale.

La déception des joueurs espagnols. | PIERRE-PHILIPPE MARCOU / AFP