Philippe Martinez quitte la place de la Bastille à l’issue de la manifestation contre la loi travail le 23 juin. Fruit d’une âpre négociation entre syndicats et gouvernement, la manifestation s’est déroulée dans le calme, sous haute surveillance policière. | OLIVIER LABAN MATTEI / MYOP POUR LE MONDE

Le préfet de police de Paris « a donné son accord de principe » pour qu’une manifestation contre la loi travail se tienne entre Bastille et la place d’Italie mardi 28 juin à 14 heures, a fait savoir Pascal Joly, secrétaire général de l’union régionale Ile-de-France de la Confédération générale du travail (CGT). M. Joly se dit « satisfait » de ce « compromis ». Selon lui, l’accord doit être signé à 11 heures en préfecture.

Le parcours a fait l’objet de négociations entre les organisations syndicales opposées au projet de loi travail – CGT, Force ouvrière (FO), union syndicale Solidaires, Fédération syndicale unitaire (FSU), Union nationale des étudiants de France (UNEF), Union nationale lycéenne (UNL) et Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL) – et les autorités : « le préfet a entendu notre mécontentement concernant le parcours » du 23 juin.

L’organisation de ce précédent défilé a donné lieu à un bras de fer. La manifestation a failli être interdite, l’exécutif invoquant des raisons de sécurité à la suite des violences en marge d’un rassemblement le 14 juin. Les opposants à la loi travail ont dû se contenter d’un parcours de 1,6 kilomètre, autour de la place de la Bastille et du bassin de l’Arsenal. La manifestation, très encadrée par les forces de l’ordre, s’est déroulée dans le calme, et le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve s’est félicité de ces « conditions optimales ».

Vote du texte au Sénat mardi

Locaux de la CGT et de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) vandalisés, violences accompagnant les manifestations, menaces d’interdiction de défilé, insultes de militants… Le feuilleton de la réforme du code du travail, commencé en mars, se déroule dans un contexte tendu. « Ça fait un moment que le climat est malsain », a reconnu Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, après les actes de vandalisme au siège de la centrale dans la nuit de vendredi à samedi, dénoncés par le gouvernement.

Et c’est à couteaux tirés que le Sénat à majorité de droite a achevé l’examen du texte cette semaine. Le projet, qui doit être voté le même jour que la manifestation à 18 heures, a sérieusement été remanié. Ainsi, le verrou des trente-cinq heures a sauté, le seuil minimal de vingt-quatre heures pour le temps partiel a été supprimé, de même que la généralisation de la garantie jeunes, le compte personnel d’activité a été partiellement vidé et le plafonnement des indemnités prud’homales (à quinze mois de salaires) rétabli. Toutefois, cette version sénatoriale devrait être détricotée en deuxième lecture par les députés, à partir du 5 juillet.

Dans tous les cas, les syndicats opposés à la loi travail continuent de réclamer son retrait. Ils remettent en question sa philosophie même, celle de faire primer l’accord d’entreprise sur l’accord de branche qui pourrait aboutir à du « dumping social », de même que les critères de licenciement économique. Ils dénoncent également la mise en place de référendum d’entreprise, vu comme une menace pour « la démocratie sociale ».

Votation citoyenne

Mobilisés depuis mars et insatisfaits des changements apportés depuis, les syndicats espèrent infléchir la position de François Hollande et Manuel Valls, qui, eux, veulent aller « jusqu’au bout ». Les organisations syndicales ont d’ores et déjà prévenu que la mobilisation se poursuivra lors du débat à l’Assemblée. Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, menace même de poursuivre les actions en septembre.

Leurs demandes d’être reçus par M. Hollande étant restées lettre morte, ils comptent sur la votation citoyenne pour le sensibiliser. Les résultats de ce référendum lancé à la fin de mai devraient être remis à l’Elysée mardi. Plusieurs centaines de milliers de personnes y ont répondu.