La décision de la Cour suprême est perçue par la presse américaine comme une victoire pour les défenseurs de l’avortement. | Pete Marovich / AFP

La Cour suprême qui rejette une loi limitant le droit à l’avortement : lundi 27 juin, la presse américaine a salué la décision. Pour le New York Times, il s’agit tout simplement de « la victoire la plus significative de cette génération concernant le droit d’une femme à disposer de son propre corps ».

Le quotidien condamne une loi locale « dure et malhonnête » qui, au nom de la santé des patientes, impose des standards « absurdes et inutilement stricts » aux cliniques du Texas pratiquant l’interruption volontaire de grossesse. Cette législation aurait conduit à la fermeture de nombreux établissements, ne laissant en activité qu’une dizaine de cliniques pour plus de 5 millions de femmes en âge de procréer. Le texte obligeait également les médecins pratiquant des avortements à obtenir un droit d’admission de leurs patientes dans un hôpital local en cas de complications, mesure qui, appliquée à la lettre, obligeait la mise à disposition quasi impossible de dizaines de lits supplémentaires chaque jour dans les dispensaires.

Un regret tout de même pour le quotidien, que cette décision « incontestablement correcte » n’ait pas été votée à l’unanimité (5 juges pour, 3 juges contre).

Un impact national

« Victoire », c’est aussi le mot choisi par USA Today qui estime que la Cour a envoyé un message à tous ceux qui cherchent depuis plusieurs années à limiter un droit constitutionnel : « Stop, vous êtes allés trop loin. »

Pour le journal, le langage « fort » employé par les juges pourrait « dissuader d’autres législateurs d’emprunter ce chemin cynique ». Si cette décision n’empêche pas le pays de rester divisé sur la question de l’avortement, ajoute l’éditorial, « elle acte le fait que ce droit ne peut pas être piétiné par des lois mettant les femmes en danger en prétendant les protéger ».

C’est ce qui fait dire à Politico.com que la décision aura « un impact national », le Texas n’étant qu’un Etat parmi d’autres cherchant à limiter le droit à l’avortement. Le site de référence sur la vie politique américaine rappelle en effet que les opposants à l’avortement ont déplacé leur combat juridique de l’échelon fédéral à celui des Etats.

Le magazine The Atlantic se réjouit de son côté que la « Cour Suprême ne se soit pas laissé abuser ». Le mensuel considère que « si elle avait approuvé cette loi, alors presque toute mesure anti-avortement serait devenue intouchable ».

Le Los Angeles Times voit, enfin, quelque chose de « rassurant » dans cette décision, signalant que « les restrictions médicales infondées pour limiter l’accès des femmes à l’avortement sont inconstitutionnelles ». Mais le quotidien fait aussi preuve de pessimisme. « Tristement, cela n’arrêtera pas les législateurs. Ils chercheront d’autres tactiques pour saper le droit. »