La crainte d’une extension de l’épidémie de fièvre jaune au Congo fait la « une » des journaux. | STRINGER / REUTERS

L’épidémie de fièvre jaune, qui a débuté en Angola fin 2015, concerne désormais la République démocratique du Congo (RDC) et l’Ouganda. Les campagnes de vaccination ne sont pas parvenues, pour l’instant, à contenir la propagation du virus. Le point sur la situation.

  • Près de 350 morts en Angola

L’épidémie a commencé en Angola fin 2015. A la mi-juin 2016, 3 294 cas suspects ont été rapportés, parmi lesquels 861 ont été confirmés. Des cas suspects ont été notifiés dans toutes les régions du pays et des cas ont été confirmés dans 16 des 18 provinces. Celles de Luanda et Huambo restent les plus touchées par la maladie. 347 personnes sont mortes. Le risque de contamination des pays frontaliers est important, ce qui reste un objet de préoccupation pour ces pays et pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

  • Kinshasa touchée

Le ministère de la santé de la RDC a rapporté des cas de fièvre jaune liés à la situation en Angola dès le 22 mars 2016. Le 20 juin, il a annoncé officiellement que le pays était entré en situation d’épidémie. Le nombre total de cas suspects est désormais de 1 106, parmi lesquels 68 cas confirmés et 75 morts. D’après l’OMS, la majorité des personnes atteintes en RDC par la maladie sont des hommes âgés de 20 à 34 ans. Sur les 68 cas confirmés, 59 étaient des cas importés d’Angola. Déjà 3 provinces du pays sont officiellement touchées (Kinshasa, Kongo Central et Kwango). En raison de la présence d’une large communauté angolaise à Kinshasa et de la porosité de la frontière entre l’Angola et la RDC, l’épidémie pourrait s’étendre à d’autres provinces. De manière générale, le virus, en Angola et en RDC, demeure concentré dans les villes principales, mais un risque élevé de contamination aux autres provinces existe dans les deux pays.

  • Le virus voyage

D’autres pays ont été atteints dans une moindre mesure. Deux cas se sont déclarés au Kenya et onze sont apparus en Chine, mettant en lumière le risque de propagation internationale du virus par le biais de voyageurs non immunisés. Une épidémie de fièvre jaune sévit également en Ouganda : depuis le 1er juin, 68 cas suspects ont été vus dans le pays. Parmi eux, 7 ont été confirmés grâce à des tests microbiologiques en laboratoire. Les tests de séquençage ont permis de montrer qu’ils n’étaient pas liés à la situation en Angola. Le virus présentait de fortes similarités avec celui de l’épidémie qui avait atteint l’Ouganda en 2010.

Face à la flambée des épidémies de fièvre jaune, le directeur général de l’OMS a conclu dans un rapport qu’elles relevaient d’« événements graves de santé publique » qui justifiaient une « mobilisation sanitaire urgente ». L’OMS, cependant, n’estime pas que les événements relèvent de l’« urgence de santé publique de portée internationale », car ils restent encore localisés.

  • Une vaccination insuffisante

Le virus gagne du terrain malgré des efforts vaccinaux. Pour empêcher sa circulation, des campagnes de vaccination massives sont en cours en Angola et en RDC. Plus de 15 millions de doses vaccinales ont déjà été distribuées dans les deux pays. Les vaccinations d’urgence ont commencé à Luanda, la capitale de l’Angola, dès début février, et ont ensuite été étendues au reste du pays. En RDC, 11 zones ont été ciblées, ce qui a permis de toucher plus de 2 millions de personnes.

Une femme tient dans ses bras un enfant atteint de fièvre jaune en Angola, le 15 mars. | STRINGER / REUTERS

Malgré ces initiatives, la propagation du virus persiste. Le stock mondial de vaccin est par ailleurs fortement réduit. « L’OMS travaille avec ses partenaires et avec les fabricants de vaccins pour augmenter la production de doses vaccinales et reconstituer les stocks d’urgence qui ont été utilisés depuis le début de l’épidémie. Il est vital d’interrompre la transmission du virus, en particulier au niveau des frontières, pour enrayer rapidement l’épidémie et empêcher une propagation internationale plus importante », a déclaré le Dr Matshidiso Moeti, le directeur de l’OMS pour l’Afrique.

  • Renforcer les contrôles aux frontières

A partir de juillet 2016, les campagnes de vaccination vont s’intensifier. La première phase va se concentrer sur les zones de forts mouvements humains et de fortes activités commerciales : la frontière entre l’Angola et la RDC et les zones à risques de Kinshasa. Le but est de faire barrage au virus en créant une sorte de « zone immunitaire tampon » et empêcher la contagion à l’international. 11,6 millions de personnes supplémentaires seront vaccinées en RDC, d’après une récente annonce du ministre de la santé, Felix Kabange. Objectif affiché : immuniser toutes les personnes (mis à part les enfants de moins de 9 mois) dans la capitale, Kinshasa, qui inquiète particulièrement les autorités, et dans les provinces de Kwango, Lualaba et Kasai.

Il n’existe pour l’instant aucun médicament antiviral spécifique contre la fièvre jaune. La prévention tient donc une place prépondérante dans la lutte contre la maladie. Elle est possible grâce à un vaccin extrêmement efficace, sûr et peu coûteux. Une seule dose de celui-ci confère une immunité durable et protège à vie contre la maladie, sans qu’il y ait besoin d’une dose de rappel. Le vaccin confère une immunité efficace dans les 30 jours pour 99 % des sujets vaccinés.