Patrick Drahi a levé les derniers doutes de ceux qui craignaient un plan de départs. Le propriétaire de SFR a évoqué, mardi 21 juin à New York, les problèmes de « sureffectifs » de l’opérateur de télécommunications.

« Tous nos concurrents ont licencié à tour de bras et, nous, on a pris une garantie sur trois ans à un moment où on vend à 1 euro par mois des abonnements. Ça n’a ni queue ni tête », a lancé le principal actionnaire de SFR devant un cercle de journalistes.

En rachetant l’opérateur télécoms, en 2014, à Vivendi, l’homme d’affaires s’était engagé devant les pouvoirs publics et les organisations syndicales à maintenir l’emploi pendant trois ans. Depuis ce changement de propriétaire, les salariés redoutaient donc la date de juillet 2017, échéance de l’accord de M. Drahi. Ils savent, désormais, qu’un plan est probablement en préparation. « Ses propos ne nous étonnent pas, vu les positions prises depuis vingt-quatre mois », indique Fabrice Pradas, délégué syndical UNSA. En interne, 15 chantiers de réorganisation ont été ouverts, et les coûts ont été passés à la paille de fer. L’inquiétude est d’autant plus grande que l’opérateur a perdu plus d’un million de clients.

« Engagements pas respectés »

« D’ores et déjà, les engagements sur le maintien de l’emploi ne sont pas respectés », lance Xavier ­Courtillat, délégué central CFDT. Même si aucun plan de licenciement n’a été mené, l’opérateur a vu de nombreux salariés démissionner. SFR a perdu 500 personnes en quinze mois. Il est passé de 9 400 à 8 900 salariés. Sur l’ensemble du groupe, qui comprend aussi l’ex-Numericable et l’intégrateur de réseau Telindus, les effectifs ont maigri de 1 200 personnes, et sont tombés à 15 800 salariés. « Tous les mois, entre 20 et 50 personnes quittent SFR, car les gens sont de plus en plus inquiets, et leurs postes ne sont jamais remplacés », dit M. Courtillat.

En attendant 2017, l’opérateur a commencé à restructurer en toute discrétion. Il s’est ainsi attaqué à ses filiales de distribution, qui coiffent les boutiques et emploient 3 900 personnes, et dont il estime qu’elles ne font pas partie de l’accord signé avec les syndicats. Les différentes divisions vont être rationalisées, tandis que leurs salariés vont être répartis dans deux entités, « grand public » et « entreprises ».

Une petite victoire

En outre, 600 salariés de SFR et de Numericable seront transférés dans ces structures aux conventions collectives différentes de la maison mère. Enfin, Michel Paulin, le nouveau patron de SFR, a déjà annoncé la couleur, en indiquant, dans un courrier adressé aux salariés, que cette réorganisation s’accompagnerait d’« un plan de départs volontaires ». Fabrice Pradas a calculé que 800 à 1 000 personnes pourraient être concernées. Le comité central d’entreprise de SFR, qui se plaint de ne pas avoir été informé de ce plan, n’exclut pas un recours en justice.

Les syndicats ont quand même remporté une petite victoire. Depuis le rachat, les salariés avaient vu leur intéressement au titre de l’année 2015 divisé par deux, en passant de 1 000 à 500 euros. Le tribunal de grande instance de Paris, considérant que l’opérateur avait rompu les accords conclus par le passé, l’a condamné, mardi, à compléter ses versements pour atteindre les sommes initiales.