Manifestation contre la loi travail à la Bastille à Paris, jeudi 23 juin 2016. | JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/ FRENCH-POLITICS POUR « LE MONDE »

Les syndicats manifesteront à Paris mardi 28 juin pour leur onzième journée de mobilisation contre le projet de loi « visant à instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections pour les entreprises et les actifs », coïncidant avec le vote du texte au Sénat. Le lendemain après-midi, ils seront reçus à Matignon par le premier ministre, Manuel Valls, et la ministre du travail, Myriam El Khomri, a-t-on appris lundi en fin de journée, avant les organisations patronales reçues jeudi.

Dans un climat tendu, après les dégradations de locaux de la CGT et de la CFDT, plus de 2 500 policiers et gendarmes seront mobilisés mardi pour sécuriser la manifestation. « L’ensemble de l’itinéraire fera l’objet de contrôles systématiques à partir de la place de la Bastille », a annoncé lundi la préfecture de police de Paris.

Les forces de l’ordre interpelleront « toute personne en possession d’une arme » ou d’objets pouvant servir de projectiles, commettant des exactions ou interdite de manifester – « une centaine d’interdictions de paraître ont été prises » –, selon le communiqué de la préfecture de police.

La manifestation dans la capitale a été autorisée sur un parcours proposé par sept organisations syndicales, dont la CGT et Force ouvrière. Le défilé partira à 14 heures de la place de la Bastille pour rejoindre la place d’Italie. Dans la matinée de lundi, la CGT avait déjà annoncé avoir obtenu un « accord de principe » de la préfecture de police.

Vote solennel au Sénat

La semaine dernière, le gouvernement avait dans un premier temps interdit la manifestation de jeudi en raison de débordements en marge de celle du 14 juin et du refus de l’intersyndicale de se contenter d’un rassemblement statique. A la suite du tollé provoqué par cette interdiction, il avait finalement autorisé un défilé sur un circuit très court, à partir de la place de la Bastille, en présence de deux mille membres des forces de l’ordre. Cent personnes ont été interpellées et la manifestation s’est finalement déroulée sans incident notoire.

Celle de mardi se déroulera le jour du vote solennel au Sénat du projet de loi réformant le code du travail, réécrit par la majorité sénatoriale de droite dans un sens plus libéral que le texte sur lequel le gouvernement a engagé sa responsabilité en première lecture à l’Assemblée nationale. Le gouvernement a d’ores et déjà annoncé qu’il rétablirait cette version lors du retour du texte devant les députés pour la deuxième lecture, à partir du 5 juillet.

Dans tous les cas, les syndicats opposés à la loi travail continuent de réclamer son retrait. Ils remettent en question sa philosophie même, celle de faire primer l’accord d’entreprise sur l’accord de branche, qui pourrait aboutir à du « dumping social », de même que les critères de licenciement économique. Ils dénoncent également la mise en place de référendum d’entreprise, vu comme une menace pour « la démocratie sociale ».