Téléfilm à 20 h 45, sur Toute l’Histoire

Cette « fiction documentée » raconte l’histoire de l’humoriste qui ferrailla contre la propagande pétainiste au micro de la BBC (dimanche 26 juin, à 20 h 45, sur Toute l’Histoire).

Au début de la seconde guerre mondiale, la résistance à l’occupant nazi s’est d’abord faite par les ondes. C’est d’ailleurs depuis Londres que le général de Gaulle a lancé, en 1940, son fameux appel du 18 juin, au micro de Radio Londres, hébergée dans les locaux de la BBC.

A ses côtés, une poignée de Français qui, ralliés au chef de la France libre, ont mené une guerre d’une extrême violence avec Radio Paris, antenne entièrement contrôlée par les Allemands. « Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand… », lançait Radio Londres avant ses émissions.

Chaque soir à 21 h 15, sur les premières notes de la Cinquième sym­­phonie de Beethoven, Radio Londres diffusait « Les Français parlent aux Français », où chacun tentait de déchiffrer les « quelques messages personnels » qui n’étaient que des messages codés. Parmi les voix lisant ces messages laconiques, celle de l’humoriste Pierre Dac, le président fondateur de la SDL (Société des loufoques) et créateur, avant la guerre, du journal humoristique L’Os à moelle.

De son vrai nom André Isaac, Pierre Dac, juif, alsacien et résistant de la première heure, fut, à partir de 1943, un des piliers de Radio Londres, où il intervint quotidiennement jusqu’au débarquement des alliés en Normandie. Avec son esprit burlesque, son humour subtil et ses mots cinglants, il mena une impitoyable guerre des mots contre Radio Paris, et particulièrement contre un des plus virulents ténors de la collaboration, Philippe Henriot, que les Allemands appelaient le « Goebbels français ».

Jean-Yves Lafesse dans "La guerre des ondes (Radio Londres 1943-1944)"
Durée : 01:41

C’est la singulière histoire de Pierre Dac que Laurent Jaoui nous raconte dans son téléfilm La Guerre des ondes, auquel il a ajouté des images documentaires. Une des raisons pour lesquelles il qualifiait, lors desa première diffusion, son film de « fiction ­documentée ». D’une part, parce que des archives filmées ont été insérées dans le fil du récit – donnant ainsi corps aux discours radiophoniques ; et, d’autre part, parce que le film maintient durant toute sa durée la même ambition : coller au plus près de la réalité historique.

Lafesse, la bonne surprise

Pour l’écriture du scénario, les auteurs ont pioché dans les archives de Radio Londres et de Radio Paris, où ont été conservés les violents échanges entre Pierre Dac et Philippe Henriot. De quoi fournir une belle matière au film, ainsi que des personnages forts et une langue riche. Mais, au-delà de la mise en scène bien construite, la très bonne surprise vient de Jean-Yves Lafesse, qui interprète avec émotion et finesse le rôle de Pierre Dac. Et pour cause. L’acteur, ainsi qu’il l’a confié, est « né en écoutant Pierre Dac et Francis Blanche à la radio ». Il n’a pas, pour autant, essayé de copier le personnage, mais plutôt de creuser sa psychologie, sa souffrance et son amour pour sa femme qu’il avait été obligé de laisser à Paris, ce qui le rendait très dépressif.

En août 1944, après avoir quitté Londres pour Paris, où il a retrouvé son épouse, Pierre Dac a repris sa vie d’humoriste. Dans son livre Un Français libre à Londres en guerre (éd. France-Empire, 1972), il écrit : « Je remis la tenue civile et repris mes activités professionnelles qui étaient de même ­nature que celles d’avant-guerre, c’est-à-dire théâtralement, cabarètement, radiophoniquement, clubement, activement, effectivement et réciproquement. » Il est mort à Paris le 9 février 1975.

« La Guerre des ondes », de Laurent Jaoui. Avec Jean-Yves Lafesse, Olivier Massart, Laurent Gernigon (France, 2014, 95 min). Dimanche 26 juin, à 20 h 45, sur Toute l’Histoire.