Bientôt les vacances ? L’occasion de vous plonger dans des séries qui vous dépayseront (« Outlander »), qui vous tiendront en haleine (« Prey »), ou qui vous plongeront dans la société américaine (« Show Me A Hero »). A vous de choisir.

« Outlander », une saga amoureuse en tartan

OUTLANDER - Claire chooses Jamie
Durée : 04:03

Déconcertant mélange des genres que cette série qui convoque beaucoup de romance et un peu de sexe, l’histoire de l’Ecosse sur fond de rébellion contre les Anglais, et la superposition de deux époques distantes de deux siècles…

Disons que si vous êtes fan de « Game of Thrones », de « Vickings » ou de « Spartacus », par exemple, et pas allergique aux histoires d’amour faites pour fantasmer, « Outlander » pourrait être une des séries qui vous accompagneront cet été, sachant que la première saison comprend pas moins de seize épisodes et la deuxième treize. Cette saga connaîtra une suite puisque, fait assez exceptionnel, la chaîne américaine Starz qui l’avait commandée, l’a d’ores et déjà reconduite pour deux saisons supplémentaires.

Pas certain, en revanche que les fans de séries se projetant dans le futur apprécient celle-ci, même si « Outlander » a pour showrunner Ronald D. Moore (qu’on appela pour développer « Star Trek » et faire renaître « Battlestar Galactica »), et que l’on peut imaginer, au vu du premier épisode, que l’on aura affaire à de la science-fiction.

Cette série a beau mettre en scène, au départ, une infirmière qui, en apposant ses mains sur un menhir en Ecosse, se trouve inexplicablement « transportée » de 1945 à 1743, « Outlander » s’installe bel et bien dans les Highlands du XVIIIe siècle, le futur XXsiècle, lui, n’intervenant qu’à titre de brèves réminiscences de la part de l’infirmière qui nous conte son « aventure », c’est-à-dire son arrivée en terre et en temps étrangers…

Parce qu’elle évolue lentement, parce qu’elle semble parier sur une romance à l’eau de rose et une dose de ridicule, « Outlander » en découragera plus d’un. Il y a pourtant beaucoup plus que cela dans cette série, ne serait-ce que dans la forme du récit, confié à une femme qui a du cran et des désirs, ou dans les scènes de relations sexuelles, moins « fausses » qu’ailleurs. Pas révolutionnaire du tout, mais suffisamment bien troussée pour vous retenir, épisode après épisode. Martine Delahaye

« Outlander », série adaptée de romans de Ronald D. Moore. Avec Caitriona Balfe, Sam Heughan, Tobias Menzies (Etats-Unis, 2014). Les saisons 1 et 2, sur Netflix.

« Prey », un polar britannique efficace

Prey, This April on ITV: Full Trailer
Durée : 01:01

Nouvelle « saison » de « Prey », nouvelle intrigue. Des trois épisodes qui composaient le premier volet de cette anthologie ne réapparaît ici que l’inspectrice Susan Reinhardt, à la tête d’une équipe entièrement constituée d’hommes officiant à Manchester.

Mais comme dans le premier volet, le créateur de « Prey », Chris Lundt, nous embarque dans une course-poursuite où le fugitif n’est autre qu’un représentant de la loi. Non plus un inspecteur de police comme lors de la saison 1, mais un gardien de prison très respecté qui, après avoir emmené une détenue à l’hôpital, va s’enfuir avec elle, menotté à elle tout au long de la minisérie ou presque.

Pourquoi un homme aussi solide, honnête et droit en vient-il à contrevenir à toute prudence et à toute éthique, à fuir les forces de l’ordre en compagnie de la détenue dont il avait la responsabilité ? Nous ne répondrons pas à cette devinette, vous l’apprendrez vite au cours du premier épisode.

Il ne faut pas attendre de « Prey » autre chose qu’un policier britannique bien fichu et efficace, dont la tension et le suspense sont maintenus de bout en bout. Ce gardien de prison se découvrant d’ailleurs de plus en plus « prisonnier » de sa très futée détenue, au fur et à mesure de leur fuite éperdue. Fort heureusement, la relation qui se construit entre l’inspectrice Reinhardt et son jeune assistant, qui ne peut s’empêcher de la « mettre en boîte », allège le tout d’une dimension humoristique et permet de reprendre son souffle tant la course-poursuite à laquelle on assiste est intense. M. De

« Prey », série créée par Chris Lunt. Avec Philip Glenister, Rosie Cavaliero, MyAnna Buring, Nathan Stewart-Jarrett (Royaume-Uni, 2014, saison 2, trois épisodes de 60 minutes). Diffusion sur Canal+ Séries dimanche 3 juillet à partir de 22 h 55.

« Show Me A Hero », par le créateur de « The Wire »

HBO Miniseries: Show Me a Hero – Featurette (HBO)
Durée : 03:01

Après avoir créé les formidables séries « The Corner », « The Wire » et « Treme », David ­Simon s’attaquait, en 2015, à la question raciale, en adaptant Show Me A Hero, le roman documenté de faits réels de la journaliste Lisa Belkin, dont le titre est extrait d’une citation de F. Scott Fitzgerald : « Show me a hero and I’ll write you a tragedy. »

Une manière, pour David Simon, de mettre en images la ­façon dont il perçoit l’évolution de son pays, qu’il évoquait ainsi, en 2013 : « L’Amérique est un pays maintenant totalement divisé, que ce soit en termes de société, d’économie ou de politique. (…) Nous nous sommes débrouillés, en quelque sorte, pour nous engager vers deux futurs distincts… »

Cette minisérie met en scène l’acteur Oscar Isaac pour redonner vie au jeune maire Nick Wasicsko, qui, à la fin des années 1980, fut effectivement contraint, contre l’avis de ceux qui l’avaient élu, de construire des logements sociaux dans sa ville de Yonkers (Etat de New York). Ce qui allait amener des familles noires à quitter leur ghetto pour s’installer au cœur de la ville, jusqu’ici uniquement habitée par des Blancs.

Au travers de ses personnages, le scénario relate avec détail et neutralité les arguments et les peurs sincères, mais aussi les roueries et les mensonges dont usèrent politiques, religieux et citoyens pour lutter contre cet ordre fédéral de « déségrégation ». Tout cela écrit et filmé de manière précise, mesurée, intelligente. M. De

« Show Me A Hero », minisérie créée par David Simon et coécrite avec William F. Zorzi. Avec Oscar Isaac, Catherine Keener (Etats-Unis, 2015, trois volets de 90 à 120 minutes). A la demande, sur OCS GO.